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Mort de Nahel : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur de la République de Nanterre

Le procureur, Pascal Prache, a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire visant le policier auteur du coup de feu ayant conduit à la mort de l'adolescent.
Article rédigé par franceinfo
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Des policiers après une manifestation à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 27 juin 2023, à la suite de la mort du jeune Nahel. (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

Le procureur de la République de Nanterre (Hauts-de-Seine), Pascal Prache, a annoncé, jeudi 29 juin, l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire visant le policier auteur du tir qui a conduit à la mort de Nahel, mardi matin, lors d'un contrôle routier. 

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Le parquet a également requis son placement en détention provisoire, a également précisé Pascal Prache, jeudi matin. Franceinfo revient sur les principaux points à retenir du point presse du procureur, deux jours après la mort de l'adolescent de 17 ans à Nanterre, et au lendemain d'une nouvelle nuit de tensions dans plusieurs villes françaises

Le placement en détention provisoire et la mise en examen du policier requis

Le parquet a demandé jeudi la mise en examen du policier tireur pour homicide volontaire et requis son placement en détention provisoire. "La présentation devant les magistrats instructeurs est en cours", explique le procureur, pour qui "les conditions légales d'usage de l'arme" lors du contrôle routier ayant conduit à la mort de Nahel n'étaient "pas réunies"

Mort de Nahel : conférence de presse du procureur de la République de Nanterre

Au cours des auditions, le policier auteur du tir "a expliqué son geste par la volonté d'éviter une nouvelle fuite du véhicule, par la dangerosité du comportement routier du conducteur, induisant chez le policier la peur que quelqu'un soit renversé, la crainte d'être percuté par le véhicule lors de son redémarrage ou de voir son collègue blessé", a ajouté le procureur. "Les deux policiers ont précisé s'être sentis menacés en voyant le conducteur redémarrer."

Le policier mis en cause a ainsi été déféré jeudi devant deux magistrats instructeurs, "dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire du chef d'homicide volontaire (…) au regard des faits." Pascal Prache a par ailleurs mentionné que "la fouille du véhicule [que conduisait Nahel n'avait] pas permis de retrouver d'objets dangereux ou produits stupéfiants à l'intérieur." 

Deux enquêtes en cours

Le procureur a rappelé l'ouverture de deux enquêtes de flagrance à la suite des faits survenus mardi matin. La première pour refus d'obtempérer et pour tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique, confiée au commissariat de Nanterre et à la sûreté territoriale des Hauts-de-Seine. La deuxième enquête "ouverte simultanément pour homicide volontaire, les faits ayant été commis par une personne dépositaire de l'autorité publique". Celle-ci a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), c'est-à-dire la police des polices.

Pascal Prache a précisé que des auditions de témoins avaient eu lieu dans le cadre de ces enquêtes, et que des images de vidéosurveillance et de vidéos amateurs diffusées sur les réseaux sociaux étaient exploitées, "nécessitant des vérifications dont certaines sont toujours en cours". Les policiers impliqués "ont été entendus à plusieurs reprises, y compris dans le cadre d'une confrontation", a-t-il ajouté. 

Des précisions sur le déroulé des faits avant le tir

Le procureur est également revenu plus précisément sur le déroulé des faits. "Après avoir pris leur service, deux motards de la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière des Hauts-de-Seine ont remarqué vers 7h55, boulevard Jacques Germain Soufflot, un véhicule Mercedes (…) qui circulait à vive allure sur la voie de bus, vers la gare de Nanterre-Université". Les agents, alertés par "la conduite et le jeune âge apparent du conducteur", ont alors "tenté une première fois de procéder à un contrôle, en activant leurs avertisseurs sonores et lumineux, en indiquant au véhicule où se stationner". 

La voiture a redémarré "en grillant le feu rouge", puis les policiers "ont suivi cette voiture sur plusieurs axes de Nanterre en effectuant une boucle". "Le véhicule a poursuivi sa route", commettant selon le procureur "plusieurs infractions au Code de la route, notamment des traversées de passages piétons mettant en danger un piéton et un cycliste". La voiture a ensuite dû s'arrêter du fait d'un embouteillage, alors qu'elle empruntait le boulevard de la Défense à Nanterre. "Mettant pied à terre sur le côté et derrière le véhicule, les policiers affirment avoir crié au conducteur de s'arrêter, en se positionnant sur le côté gauche du véhicule : l'un au niveau de la portière du conducteur, l'autre près de l'aile avant-gauche", a décrit le procureur.

Le décès "dû à un tir unique" touchant "le thorax de gauche à droite" 

Pascal Prache est ensuite revenu sur les circonstances de la mort de Nahel, déjà connu de la justice pour des faits de refus d'obtempérer. Les policiers ont précisé, lors de leurs auditions, "avoir sorti leurs armes et les avoir pointées sur le conducteur pour le dissuader de redémarrer en lui demandant de couper le contact". "Au moment où le véhicule a redémarré, le policier situé près de l'aile du véhicule a tiré une fois sur le conducteur". La voiture est repartie puis s'est encastrée dans un "élément de mobilier urbain" à 8h19, place Nelson Mandela. 

Le passager arrière du véhicule a été interpellé (puis sa garde à vue a été levée), mais un troisième passager s'est enfui et reste à ce stade recherché. "Le fonctionnaire auteur du tir a prodigué les premiers secours au conducteur et des renforts se sont rendus sur place, ainsi que les sapeurs-pompiers qui [ont effectué] des manœuvres de réanimation", a poursuivi le procureur, ajoutant que la mort de Nahel avait été constatée à 9h15, mardi. 

Selon le rapport de l'autopsie, menée mercredi matin, le décès de l'adolescent est "dû à un tir unique ayant traversé le bras gauche et le thorax de gauche à droite".

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