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Sarcelles : ce que l'on sait du triple meurtre perpétré par un policier

Un policier de 31 ans a blessé sa compagne avec son arme de service, avant d'ouvrir le feu sur cinq autres personnes, dont trois sont mortes. L'homme s'est ensuite suicidé.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
A Sarcelles, dimanche 19 novembre 2017, où un policier a tué trois personnes samedi soir. (GUILLAUME GEORGES / MAXPPP)

Arnaud Martin, policier de 31 ans, a tué trois personnes avec son arme de service et blessé grièvement sa compagne, avant de se suicider, samedi soir à Sarcelles (Val-d'Oise). "C'était quelqu'un qui allait se séparer de son épouse. Il ne l'a pas supporté. C'est quelqu'un qui, à un moment donné, déraille totalement. Comme il est armé, il peut tirer. C'est le drame de la police", a réagi le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, sur franceinfo.

Que s'est-il passé ?

Il est 20h45 quand Arnaud Martin se rend après son service à Sarcelles, où vivent ses beaux-parents. Il y retrouve sa petite amie "qui l'attendait pour discuter de leur séparation dans sa voiture", dans une rue voisine du pavillon de ses parents, écrit le procureur de la République de Pontoise, Eric Corbaux, dans un communiqué. La discussion s'envenime, le fonctionnaire sort son arme et "dans des circonstances qui restent à déterminer", la blesse au visage.

Arnaud Martin abat ensuite deux personnes qui, selon les premiers éléments de l'enquête, tentaient d'intervenir. Le gardien de la paix se rend ensuite au pavillon de la famille de sa petite amie, à une dizaine de mètres de là, où il tue son beau-père, et blesse sa belle-mère et sa belle-sœur. Le policier, qui a également abattu le chien de la famille, est finalement "retrouvé mort d'une balle dans la tête, son arme à la main, au fond du jardin", précise le parquet.

Que sait-on du policier ?

Arnaud Martin, 31 ans, était gardien de la paix dans une compagnie de sécurité et d'intervention, dans le 17e arrondissement de Paris. Il est décrit par ses chefs de service comme  "un bon fonctionnaire, ancien gendarme mobile très rigoureux", selon le procureur Eric Corbaux.

"C'était quelqu'un qui allait se séparer de son épouse. Il ne l'a pas supporté. C'est quelqu'un qui, à un moment donné, déraille totalement. Comme il est armé, il peut tirer. C'est le drame de la police", a plus tard réagi le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, sur franceinfo.

Le gardien de la paix était, comme ses collègues, autorisé à porter son arme de service en dehors des horaires de travail. Une disposition prise après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, pérennisée et encadrée par plusieurs circulaires depuis l'été 2016 : les agents souhaitant porter leur arme hors service doivent en faire la déclaration et avoir effectué au moins trois entraînements de tir par an. Ces conditions s'appliquent aussi aux trajets domicile-travail entre deux services. A tout moment, le chef de service peut s'y opposer.

Que sait-on des victimes ?

Après avoir blessé grièvement au visage sa petite amie, qui était toujours dans un état critique dimanche matin, le policier a ouvert le feu sur un homme âgé de 30 ans, qui écoutait de la musique dans sa voiture, garée face au pavillon de sa mère, et "venait voir ce qui se passait", selon le procureur. 

Il a ensuite tué un autre passant, âgé de 44 ans, dont le corps a également été retrouvé à proximité. L'homme "était sorti acheter des cigarettes. Il s'apprêtait à souffler ses bougies d'anniversaire", a témoigné une de ses proches, très affectée, à l'AFP. "Il a dit à ses enfants qu'il revenait tout de suite et la police est venue dire qu'il ne reviendra plus jamais..."

La mère de la compagne d'Antoine Martin a été blessée au thorax et la sœur de la jeune femme a été touchée au fémur.

Comment expliquer ce massacre ?

Ce triple meurtre intervient dans un contexte complexe que l'enquête devra éclaircir. Le Parisien, qui a le premier rapporté les faits, a immédiatement établi un parallèle avec la recrudescence des suicides de policiers, en raison de leurs conditions de travail. Depuis le début de l'année, au moins 46 policiers et 16 gendarmes se sont donné la mort, selon un décompte du ministère de l'Intérieur publié le 13 novembre. Interrogé sur le triple meurtre, dimanche, sur franceinfo, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a rappelé que les "forces de l'ordre" étaient "exposées à la face la plus sombre de notre société".

Questionné également sur le port d'armes en dehors des heures de service, Gérard Collomb a affirmé que les policiers resteraient armés, malgré le drame, soulignant la difficulté de répondre à des exigences "contradictoires", entre la crainte de dérapage individuel d'un policier qui, selon ses mots, "déraille totalement" et une demande de protection accrue, dans les transports par exemple.

Le maire honoraire de Sarcelles, François Pupponi, qui s'est rendu sur les lieux, a estimé, interrogé par franceinfo, pouvoir "imaginer un drame sentimental, mais qui ne peut pas non plus expliquer une telle folie meurtrière"Sur Twitter, des militantes féministes rejettent catégoriquement l'expression de "drame familial" (ou "conjugal" ou "sentimental"), prononcée par l'élu, la police et reprise dans les médias. Elles réclament que le triple meurtre soit considéré aussi comme une manifestation de violence conjugale, l'auteur ayant d'abord attaqué sa compagne qui le quittait.

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