: Vidéo "Ce sont ses conditions de travail qui l'ont détruit", affirme la veuve d'un policier qui s'est donné la mort
Depuis janvier 2019, on compte 31 suicides dans la police, deux fois plus que l'année précédente à la même période. "Envoyé spécial" a recueilli les témoignages de proches de policiers qui se sont donné la mort. Voici celui d'Estelle, dont le mari a mis fin à ses jours, épuisé, selon elle, par ses conditions de travail.
Arnaud était officier. En décembre 2014, il s'est donné la mort. C'est sa femme Estelle qui l'a découvert. Les gendarmes sont venus constater le décès, rejoints par les supérieurs hiérarchiques d'Arnaud. Le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) s'est également rendu sur place.
Selon eux, le suicide pour "raisons personnelles et familiales" ne fait aucun doute. Ce soir-là, le couple s'était disputé et Estelle le leur a signalé, mais elle est choquée de ces conclusions qu'elle juge hâtives. Elle a su aussitôt, explique-t-elle aux journalistes d'"Envoyé spécial", qu'elle n'allait pas les accepter. "Ce n'est pas vrai, affirme-t-elle. Ce sont ses conditions de travail et la rencontre de certains individus policiers qui l'ont détruit."
"Il en était arrivé à trois semaines d'astreinte sur un mois"
Arnaud a passé vingt-cinq ans dans la police. Selon Estelle, il s'y est abîmé, petit à petit. Elle détaille les astreintes pesantes, "jusqu'à trois semaines sur un mois", les nuits au commissariat suivies de journées et de week-ends au travail, le manque de repos, une équipe où "les gens tombent comme des mouches".
Depuis la mort de son mari, Estelle se bat en justice pour faire reconnaître qu'il s'est tué à cause de son travail. En avril 2019, l'Etat a été reconnu responsable de la mort d'Arnaud par la justice administrative.
Extrait de "Policiers en détresse", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 6 juin 2019.
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