: Info franceinfo Violences des BRAV-M à Paris lundi : deux manifestants annoncent porter plainte
Deux manifestants ont décidé de porter plainte après leur arrestation par des policiers des BRAV-M lundi 20 mars à Paris, selon une information de franceinfo ce dimanche 26 mars. Dans un enregistrement auquel a eu accès franceinfo, on entend des policiers de cette brigade insulter et humilier sept manifestants et même frapper l'un d'entre eux. Le parquet de Paris a de son côté ouvert une enquête judiciaire, tandis que le préfet de police de Paris a saisi l'IGPN, la police des polices sur cette affaire. L'un des deux manifestants, Souleymane, porte notamment plainte pour "agression sexuelle" et "menace de commettre le crime de viol" contre l'un des policiers.
Souleymane fait partie de ces deux manifestants qui vont porter plainte dès lundi matin auprès du parquet de Paris. Lui dépose plainte pour "agression sexuelle", "menace de commettre le crime de viol", "violation des libertés individuelles", pour "violences", "faux en écriture publique" avec les circonstances aggravantes que ces faits ont été commis par des policiers et que ces derniers ont agi ainsi en raison de sa couleur de peau. Souleymane était le seul homme noir dans le groupe de sept personnes arrêtées lundi.
Dans son témoignage qu'avait recueilli en exclusivité franceinfo ce samedi, ce jeune Tchadien de 23 ans disait dans un premier temps ne pas vouloir porter plainte "par peur". Il explique aujourd'hui pourquoi il a changé d'avis : "Je veux montrer que j'ai été pris à partie, que les policiers avaient quelque chose contre moi", explique Souleymane. "Probablement en raison de ma couleur de peau", ajoute-t-il. Le fait que l'enregistrement ait été diffusé a aussi compté dans son choix, assure ce manifestant.
Dans l'enregistrement, Souleymane est le manifestant le plus pris à partie par les policiers des BRAV-M. Insulté et frappé, ce manifestant dénonce aussi une agression sexuelle de la part d'un fonctionnaire. Une séquence qui intervient avant l'enregistrement lors des palpations. Souleymane assure que le policier l'a "attrapé par le sexe". Dans l'enregistrement, on entend le fonctionnaire dire "tu sais, moi je peux venir dormir avec toi si tu veux... -Eh ben on y va", répond promptement le jeune homme. Le policier reprend "...et c'est le premier qui bande qui encule l'autre", reprend le policier.
Une autre manifestante a décidé de porter plainte. Il s'agit de Salomé, une étudiante en sciences sociales de 22 ans. C'est elle qui a décidé de diffuser l'enregistrement réalisé par un autre manifestant. Salomé a décidé de porter plainte pour "atteinte à la liberté individuelle", "violence en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique et complicité", "faux en écriture publique et complicité de faux en écriture publique". Salomé assure que les policiers ont écrit de faux procès-verbaux pour justifier les interpellations. Les deux plaintes, qui sont contre X, contre le préfet de police de Paris et contre la procureure de Paris, seront adressées dès ce lundi matin au parquet de Paris, assure à franceinfo l'avocat des deux manifestants, Arié Alimi.
Le préfet de police et la procureure visés comme complices par instigations
Ce dernier précise que dans ces plaintes, "le préfet de police monsieur Laurent Nunez et la procureure de la République de Paris, madame Laure Beccuau, sont visés comme complices par instigations". Il ajoute : "C'est parce qu'ils sont visés tous les deux qu'on a demandé immédiatement au procureur général un dépaysement vers un ressort différent."
Arié Alimi pointe en effet du doigt un "dispositif hiérarchique" et pas seulement les agents de la BRAV-M mis en cause. Selon lui, "la question n'est pas qu'individuelle". Il y a "évidemment ces BRAV-M qui commettent des faits terribles partout et qui doivent être dissouts rapidement mais il y a également les instructions qui sont données et qui sont révélatrices aujourd'hui d'un exécutif qui est de l'autre côté de la loi, qui la viole". Arié Alimi affirme donc qu'on "peut parler d'un exécutif délinquant dans les manifestations mais aussi par exemple à Sainte-Soline [où des affrontements ont éclaté samedi entre forces de l'ordre et opposants au projet des méga-bassines]."
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