Attentat de Nice : ce que les enquêteurs ont trouvé dans le téléphone et l'ordinateur de Mohamed Lahouaiej Bouhlel
Selon François Molins, les éléments découverts par les enquêteurs confirment un "intérêt certain et récent pour la mouvance jihadiste radicale".
Le profil du tueur de Nice se précise. Les premiers éléments de l'enquête, et notamment l'exploitation du téléphone portable et de l'ordinateur de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, confirment un "intérêt certain et récent pour la mouvance jihadiste radicale", selon François Molins. Le procureur de Paris, chargé de l'enquête, a tenu une conférence de presse, lundi 18 juillet. Voici les nouveaux éléments dont dispose la justice.
Dans son téléphone portable
De nombreuses photos, et plus précisément des selfies, retrouvées dans son smartphone, attestent que Mohamed Lahouaiej Bouhlel s'est rendu à plusieurs reprises sur la promenade des Anglais, sans doute pour "des repérages préalables". Selon François Molins, le tueur photographie la "prom" le 12 juillet depuis la place de conducteur du camion. Le 14 juillet, il fait plusieurs selfies à différents endroits de la promenade à 13h43, 16h02, 16h42 et 19h25, quelques heures avant les faits.
Les caméras de vidéosurveillance attestent que le terroriste a circulé à différents horaires sur la promenade des Anglais à bord de son poids lourd, les 12 et 13 juillet. Une photographie d'un article de presse daté du 1er janvier 2016 et titré "Il fonce volontairement sur la terrasse d'un restaurant", a également été découverte sur son téléphone. Autant d'éléments qui prouvent, selon le procureur de Paris, que "l'attentat était pensé et préparé".
Dans son ordinateur
L'exploitation de l'ordinateur de Mohamed Lahouaiej Bouhlel a aussi révélé des éléments intéressants. Ainsi, le suspect a effectué plusieurs recherches internet à partir du 1er juillet à propos des festivités prévues sur la promenade des Anglais pour le 14-Juillet. Les enquêteurs ont également trouvé des "vidéos d'accidents mortels de véhicules", a indiqué François Molins.
Toujours depuis le 1er juillet, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a aussi recherché sur le web "des vidéos de sourates du Coran, des anachid [chants religieux] et sur l'Aïd el-Fitr", la fête qui marque la fin du ramadan. Figurent également des recherches sur les attentats d'Orlando (Floride), de Dallas (Texas) et de Magnanville (Yvelines). Des images de "cadavres" et de "combattants avec des drapeaux de Daech, de couvertures de Charlie Hebdo, d'Oussama Ben Laden et de Mokhtar Belmokthar [l'ancien chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique]" ont aussi été découvertes.
Les auditions des personnes placées en garde à vue depuis le début de l'enquête vont aussi dans le sens d'une radicalisation "récente". Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui ne pratiquait pas la religion musulmane, mangeait du porc, buvait de l'alcool et avait une "sexualité débridée", selon le procureur, s'était laissé pousser la barbe depuis huit jours, lui attribuant une signification "religieuse". Il affirmait aussi à son entourage qu'il ne comprenait pas "pourquoi Daech ne pouvait pas prétendre à un territoire". Enfin, il y a "sept-huit mois", il aurait montré une vidéo de décapitation d'otage à une connaissance en déclarant : "Je suis habitué."
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