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Attentats de Nice : ce qu'il faut de retenir de la conférence de presse de François Molins

Selon le procureur de Paris, Mohamed Lahouaiej Bouhlel "semble avoir mûri son projet plusieurs mois avant son passage à l'acte". Il a aussi bénéficié de la complicité de plusieurs personnes.

Article rédigé par franceinfo
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Des fleurs, des bougies et des messages laissés en hommage aux victimes de l'attentat de Nice, sur la promenade des Anglais, le 18 juillet 2016. (VALERY HACHE / AFP)

Les profils de l'auteur de l'attentat de Nice et de ses complices se précisent. François Molins a tenu une nouvelle conférence de presse, jeudi 21 juillet, pour présenter les avancées de l'enquête. Mohamed Lahouaiej Bouhlel "semble avoir mûri son projet plusieurs mois avant son passage à l'acte", a révélé le procureur de Paris, alors que Bernard Cazeneuve avait évoqué une "radicalisation rapide". François Molins a également détaillé le profil des cinq personnes soupçonnées de l'avoir aidé dans son projet, dont le parquet a requis le placement en détention provisoire. Francetv info résume ces nouveaux éléments.

Cinq complices présumés en détention provisoire

Mohamed Lahoueij Bouhlel n'a pas agi seul : selon François Molins, l'enquête a permis de déterminer qu'il a "bénéficié de soutien et complicités dans la préparation de son acte". Le parquet a ouvert une information judiciaire pour "association de malfaiteurs criminelle" et requis le placement en détention provisoire de cinq personnes de son entourage. Celles-ci étaient toujours entendues par les juges d'instruction, jeudi, en fin d'après-midi. Aucune de ces cinq personnes – quatre hommes et une femme – n'était connue des services de renseignement et c'est l'exploitation du téléphone du suspect qui a permis d'établir leurs liens avec Mohamed Lahoueij Bouhlel.

Parmi eux, Ramzy A., un Franco-tunisien de 21 ans né à Nice, et un couple d'Albanais, Artan H., 38 ans, et Ankeledja Z., 42 ans, sont soupçonnés d'avoir aidé l'auteur de l'attaque terroriste de Nice à se procurer son pistolet. En garde à vue, Ramzy A. a aussi indiqué aux enquêteurs l'emplacement d'un fusil d'assaut, retrouvé dans une cave, dont "on ne sait pas à quoi il était destiné", a indiqué le procureur. Le 14 juillet, à 22h27, quelques minutes avant que le camion commence sa course mortelle, le terroriste a envoyé deux SMS à un téléphone utilisé par Ramzy A., dans lesquels il se félicite de son pistolet et en demande de nouveaux.

Chokri A. et Mohamed Walid G. semblent liés encore plus étroitement au projet. Les 11 et 13 juillet, ce dernier a été pris en photo par Mohamed Lahouaiej Bouhlel à l'intérieur du camion utilisé pour commettre son attentat. Sur la portière de ce même camion, les enquêteurs ont aussi découvert les traces papillaires de Chokri C., qui apparaît dans la cabine du camion sur les images de la vidéosurveillance tournées le 12 juillet sur la promenade des Anglais, au moment où Mohamed Lahouaiej Bouhlel a repéré les lieux.

Dans le téléphone de Mohamed Walid G., les enquêteurs ont retrouvé une vidéo de la scène du crime filmée le 15 juillet. Dès janvier 2015, dans un SMS envoyé à Mohamed Lahouaiej Bouhlel, celui-ci se félicitait de l'attentat contre Charlie Hebdo. Enfin, le 14 juillet à 17 heures, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a pris en photo une feuille sur laquelle 10 numéros de téléphone sont écrits, dont 3 attribués à Ramzy A. et 5 à Chokri C.

Un projet d'attentat qui daterait de plusieurs mois

C'est la phrase à retenir de cette conférence de presse : "Mohamed Lahouaiej Bouhlel semble avoir envisagé et mûri son projet criminel plusieurs mois avant son passage à l'acte". Un message appuie cette théorie. En avril, sur Facebook, Chokri C. écrivait à Mohamed Lahouaiej Bouhel : "Charge le camion, mets dedans 2 000 tonnes de fer, coupe lui les freins mon ami, et moi je regarde."

Mais pour affirmer que l'attaque était sans doute préméditée, François Molins s'est surtout appuyé sur des photos retrouvées dans le téléphone du suspect, dont certaines avaient déjà été évoquées. Entre 2015 et 2016, Mohamed Lahouaiej Bouhel a pris en photo des articles sur le "captagon", une drogue considérée comme la "potion magique des combattants", sur une voiture ayant foncé sur une terrasse, et sur l'homme abattu par balles devant le commissariat du 18e arrondissement en janvier.

Il a aussi photographié la foule réunie pour plusieurs feux d'artifice, dont le 14 juillet 2015, et pour un concert sur la promenade des Anglais quelques jours plus tard, "avec divers zooms sur la foule". Des photographies qui, pour François Molins, indiquent que Mohamed Lahouaiej Bouhlel mûrissait son projet d'attentat.

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