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13-Novembre : "Ce n'est pas notre combat, on n'en ressortira pas plus gais", témoignent les parents de deux victimes qui ne suivront pas le procès

Le procès des attentats du 13 novembre est un moment attendu et redouté par les 1 800 parties civiles, rescapés, blessés et proches des victimes. Certains ont décidé de ne pas suivre le procès.  

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sylvie et Erick Pétard, lors des obsèques de leurs filles Marion et Anna, victimes des attentats du 13 novembre 2015. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Sylvie et Erick Pétard ont tout perdu le soir du 13 novembre 2015, lorsque Marion et Anna, deux sœurs pétillantes de 27 et 24 ans, ont été fauchées à la terrasse du Carillon, un bar dans le 10e arrondissement de Paris. Douleur indicible, il a fallu se relever, vendre la charcuterie qu'ils tenaient près de Blois. En six ans, Sylvie a fait du chemin. "C'est maintenant que je me dis : mais dis donc, je commence à aller mieux. Ce sont nos filles qui nous ont boostés, ce sont elles qui nous guident encore, partout où on va, ce qu'on fait, ce qu'on pense... Elles sont toujours là.

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Ce n'est pas grâce aux psychologues, poursuit Sylvie, mais à la foi. Une voie que lui a montrée son mari Erick. "Pour moi, il n'y avait pas de meilleurs psychologue qu'un curé", explique-t-il. Son épouse poursuit : "Je tournais en rond... Il me demandait de raconter la vie des filles, alors je la racontais... C'est le rôle d'un psy. Je n'arrivais pas à me lâcher, il fallait bien que je fasse quelque chose. En plus, je l'entraînais aussi dans ma tristesse. Il fallait que je me relève. Elles étaient joyeuses, les filles. J'allais pas les attrister

Depuis, Sylvie écrit tous les jours à ses filles. "C'était au mois d'août 2016. Je me suis dit : il faut que je vous écrive ce qui se passe. Depuis ce temps-là, je leur écris tous les soirs. J'ai déjà 28 cahiers, sourit-elle. Tous les jours, je mets la date, et j'écris ce que j'ai fait dans la journée". 

"Ces gens n'ont pour nous aucune valeur"

Ensemble, Sylvie et Erick Pétard ont écrit un livre intitulé Attentats du Bataclan, l'espérance qui nous fait vivre. Un livre pour la mémoire de leur fille mais pour d'aider ceux qui comme eux, ont vécu l'impensable. 

Quant au procès des attentats du 13 novembre 2015 qui ouvre mercredi 7 septembre, ils affirment vouloir l'éviter à tout prix. "Le procès, ce n'est pas notre combat. On n'en ressortira pas plus gais et ça ne nous ramènera pas les filles", souffle Sylvie. "La vie des individus qui vont passer en justice ne nous intéresse pas, enchaîne Erick. Ces gens n'ont pour nous aucune valeur. Ce qu'on regrette, c'est qu'il va y avoir neuf mois de publicité pour ces gens-là". 

Alors comme ils font depuis six ans, Erick et Sylvie vont éteindre la télévison, la radio, fermer les journaux, fuir les médias pendant les neuf mois du procès. Et continuer à avancer pas à pas sur leur chemin de traverse.   

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