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Procès des attentats du 13-Novembre : l'audition très particulière de la femme qui a dénoncé Abdelamid Abaaoud

Au procès des attentats du 13-novembre 2015, la Cour d'assises spéciale va écouter ce vendredi le témoignage de Sonia, qui a permis à la police de localiser le coordinateur des attentats en fuite. 

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'entrée de la salle d'audience du palais de justice de Paris où se tient le procès des attentats du 13 novembre 2015, le 9 février 2022. (MAXPPP)

Elle est la témoin-clé de l'enquête : la justice a d'ailleurs fait d'elle le premier témoin protégé de France. La Cour d'assises spéciale constituée pour le procès des attentats du 13 novembre 2015 va entendre ce vendredi 8 avril, le récit de Sonia, une femme grâce à qui il n'y a pas eu de nouvelles attaques terroristes les jours suivants.

En 2015, cette mère de famille dévouée est bénévole auprès des démunis. Généreuse, elle va jusqu'à héberger une jeune fille perdue, Hasna, qui parfois se drogue et vit la nuit, parfois porte la burqa. Le 15 novembre, cette dernière demande à Sonia de l'emmener à Aubervilliers pour secourir un cousin à la rue. Sonia découvre là-bas celui qui, depuis deux jours, a son visage sur toutes les télévisions, recherché par les autorités car considéré comme le coordinateur des attentats des terrasses et du Bataclan : Abdelamid Abaaoud.

"Je veux que les victimes sachent"

Après cette rencontre sidérante, en contrebas d'une autoroute, qu'elle va raconter sept ans après à la barre, Sonia a appelé la police, donné les indications qui ont permis de trouver la planque d'Abaaoud, où le Raid finira par le tuer, ainsi qu'un complice et sa cousine, Hasna Aït Boulahcen, le 18 novembre 2015.

Sonia est devenue ensuite témoin protégé. Pour sa sécurité, elle a dû changer d'identité, de région et "adopter une légende", comme les espions, pour poursuivre sa vie, "se récréer" ou "plutôt survivre", comme elle dit. 

Face aux menaces, ce vendredi, elle témoignera à distance, filmée derrière un paravent. La Cour a même acheté un brouilleur de voix pour qu'elle ne soit pas reconnaissable. "Je veux que les victimes sachent réellement ce qu’il s’est passé", témoignait-elle en septembre dernier au micro de franceinfo. "Je veux que les victimes sachent à qui elles avaient affaire. Je veux que chaque personne qui a fait du mal assume le mal qu’elle a fait. Il faut que tout le monde puisse faire son deuil et correctement. Je n'en veux pas qu’à l’Etat, j’en veux aux gens qui n’ont rien dit, qui ont caché, qui ont laissé faire".

>> Procès du 13-Novembre : le journal de bord d'un ex-otage du Bataclan

En début d'audience, la Cour entendra à la barre un enquêteur de la police antiterroriste qui précisera le projet d'attentat qu'Abaaoud et son dernier complice avaient l'intention de commettre à Paris, dans le quartier d'affaires de La Défense, si Sonia n'avait pas permis de mettre un terme à sa cavale.

Malgré les risques qu'elle encourt, la mère de trois enfants "ne regrette pas". Le procès doit se tenir jusqu'au 24 juin prochain.

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