Saint-Étienne-du-Rouvray : un an après l'attentat, "le père Hamel reste dans nos cœurs"
Le père Jacques Hamel était assassiné en plein office le 26 juillet 2016. Un an après jour pour jour, une messe en son hommage a lieu mercredi matin en l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray. Ici, personne ne l'a oublié.
C'était il y a tout juste un an. Peu avant 10 heures, le 26 juillet 2016, le père Hamel était assassiné en plein office dans la petite église de Saint-Étienne-du-Rouvray, sous les yeux d'un couple d'octogénaires et de trois religieuses. L'attentat avait été revendiqué par le groupe État islamique. Mercredi 26 juillet, une messe hommage a lieu en présence d'Emmanuel Macron. Pour l'occasion, une stèle doit être inaugurée.
Après une année entière, Saint-Étienne-du-Rouvray, commune de la banlieue de Rouen, soigne encore ses plaies. Tout contre l'église, une petite place a été aménagée récemment. Un disque de deux mètres de diamètre en métal argenté est encadré de bancs. On peut y lire les 30 articles de la déclaration des droits de l'Homme. Cette œuvre, créée par deux artistes de la ville, plaît aux habitants : "Je trouve que c'est très joli. C'est la République qui rend hommage à un homme d'Église".
Le difficile pardon des paroissiens
Dans l'église, impossible de ne pas penser à la terrible scène du 26 juillet 2016. Une table a été installée dans un coin avec un cahier. Une trentaine de pages sont noircies, la plupart par des gens des environs, et quelques unes par de lointains visiteurs, d'Italie, du Portugal, du Canada ou d'Égypte. Au-dessus de la table se trouve un portait de Jacques Hamel, offert par un peintre musulman de Saint-Étienne-du-Rouvray. Pour Claudine, c'est un moyen parmi d'autres de se souvenir de lui : "Je prie toujours pour Jacques et il me protège. Ne vous inquiétez pas, le père Hamel reste dans nos cœurs".
La fraternité a grandi ici. Entre paroissiens mais aussi avec les gens qui ne viennent pas à l'église et avec ceux d'une autre religion
Le père Auguste Moandafranceinfo
Sœur Dominique a encore du chagrin mais elle se reconstruit. Cette religieuse est la seule de la communauté des Filles de la Charité à ne pas avoir été témoin de l'assassinat il y a un an. "Nous avons une petite photo du père Hamel à la communauté. Elle est accompagnée d'une lumière qu'on allume tous les jours. Quand je passe devant, si ça ne va pas, je lui dis : 'Allez, donne-moi un coup de pouce'. Des fois on sent une petite lumière et je me dis que c'est un clin d'œil de Jacques".
Saint-Étienne-du-Rouvray est une commune populaire avec un tissu associatif très dense. C'est grâce à cela que tout le monde a pu faire face même si des interrogations demeurent. Le père Auguste Moanda, qui travaillait en binôme avec le père Hamel, officie seul désormais. "On essaye de pardonner. Ce n'est pas évident car c'était tellement violent. Ces jeunes gens qui sont passés à l'acte étaient poussés par d'autres. Ce sont eux qu'on a du mal à pardonner. Comment peut-on arriver à une telle cruauté ?"
"Il disait : Soyons artisans de paix"
La mosquée aux murs roses est quasiment collée à Sainte-Thérèse, la deuxième église de la ville. C'est là que prie Mohamed. Pour lui, l'hommage rendu au père Hamel est primordial. "C'est comme si on avait tué un imam. Un saint homme reste un saint homme, peu importe la religion. Il n'y a qu'un Dieu pour tout le monde. Et nous vivons en communauté avec l'église à côté, comme lors du ramadan où nous avons partagé la rupture du jeûne avec le père".
Cette solidarité inter-religieuse, renforcée au lendemain du drame, aurait plu au père Hamel. Roselyne, sa sœur, en est convaincue : "Un message énorme est passé à travers la façon dont est mort mon frère. Il disait ': Soyons artisans de paix, chacun à notre manière et commençons dès maintenant'. Je crois que c'est en route."
Prêtre "martyr"
Á dix kilomètres de Saint-Étienne-du-Rouvray, dans le cimetière de Bonsecours, la modeste tombe du père Hamel, dans un carré réservé aux prêtres, est devenue un lieu de pèlerinage. La sépulture est fléchée depuis l'entrée. Ce jour-là, le père Vincent est venu depuis Bourg-en-Bresse pour s'y recueillir, bible en main. "Mes parents habitent à quelques kilomètres d'ici. Le père Hamel m'a marqué de son vivant. Je trouvais ça beau de prier sur sa tombe."
Il y a une forme de martyr car on a voulu le faire chuter dans sa foi.
Le père Vincentà franceinfo
Des prêtres comme le père Vincent mais aussi des fidèles, des proches ou des élus, au total 70 personnes vont témoigner ces prochains mois pour une enquête diocésaine. Le pape François pourrait prononcer d'ici deux ans l'acte de béatification du père Hamel.
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