Cinq conseils de France et d'ailleurs pour Jean-Marc Ayrault
Mauvaise passe pour Jean-Marc Ayrault, au plus bas dans les sondages et critiqué par sa base. Francetv info passe en revue les conseils de tous bords adressés au Premier ministre.
POLITIQUE – La cote de popularité de Jean-Marc Ayrault est au plus bas. Seuls 34% des Français interrogés lui font confiance, selon un sondage TNS pour Le Figaro dévoilé mercredi 31 octobre. Face aux critiques, le Premier ministre dénonce "la politique politicienne" et ses "chroniques quotidiennes de démolition".
Certains observateurs estiment que ses jours sont comptés à Matignon. Le Figaro prend déjà les paris sur son successeur, quand le Journal du dimanche évoque un "syndrome Cresson", allusion au passage raté de la Première ministre de François Mitterrand.
Pour l'aider à traverser la tempête, Jean-Marc Ayrault s'est offert les services du conseiller politique Bernard Candiard, venu spécialement renforcer son équipe, rapporte Le Point. Mais d'autres personnalités ont déjà livré quelques pistes au Premier ministre en mal de popularité.
1Les ténors du PS : faire de la pédagogie
La phrase. "A mes amis socialistes, à tous les ministres, faites de la pédagogie." François Rebsamen, sénateur PS de la Côte d'Or, a appelé l'exécutif à mieux défendre ses décisions, vendredi 2 novembre sur RTL. "Expliquez aux Français, sinon ils ne comprennent pas pourquoi comme ça, d'un seul coup, ils sont obligés de subir tous ces impôts, même s'ils frappent d'abord les plus privilégiés."
L'idée. L'inquiétude monte au sein du PS, car le gouvernement se coupe peu à peu de l'opinion dans les sondages. Pour contrer ce désamour, le sénateur PS de l'Isère André Vallini estime vendredi 2 novembre dans Le Figaro que François Hollande "doit rassurer les Français" . En vantant davantage les succès du gouvernement, en expliquant sa démarche… C'est aussi l'analyse de la sénatrice PS de Paris, Marie-Noëlle Lienneman, sur Radio Classique : "Il y a une question de lisibilité du cap stratégique suivi par François Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault."
2Gerhard Schröder : être plus courageux
La phrase. "Le plus grand problème réside en Espagne, en Italie, mais aussi, je le dis discrètement, en France. Cela pourrait devenir un problème qui ne serait pas mineur", a déclaré l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder lors d'un colloque sur l'Europe organisé le 29 octobre. Il a ainsi dénoncé le manque de courage politique du gouvernement français, accusé d'être frileux sur la question de la compétitivité.
L'idée. Au passage, Schröder n'a pas manqué de rappeler "les sarcasmes des socialistes français lorsqu'il réformait son pays au début des années 2000", rapporte Le Monde. Le PS a aujourd'hui tous les pouvoirs en France, il doit en profiter pour faire passer des mesures certes impopulaires, mais nécessaires, estime-t-il.
Message reçu ? Pas vraiment. Lors de sa rencontre avec les lecteurs du Parisien, Jean-Marc Ayrault a vertement répondu à Gerhard Schröder, qui l'a enjoint d'engager des réformes sur la compétitivité : "C’est marrant, cette vision superficielle. Il a fallu quatre ans pour que Schröder se rende enfin compte que son économie fichait le camp. Et bien moi, je ne veux pas faire comme lui. Je veux agir tout de suite."
3Ségolène Royal : vendre du rêve aux Français
La phrase. "Après l''opération vérité', passons au 'rêve français'." Ségolène Royal conseille à Jean-Marc Ayrault et François Hollande de renouer avec les élans de la campagne présidentielle, dans un entretien au Monde (article abonnés) accordé le 20 octobre, peu avant le congrès du PS à Toulouse.
L'idée. La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes n'a pas fait mystère des "difficultés" rencontrées par le Premier ministre : "Les Français ont besoin de comprendre le sens des efforts qui leur sont demandés", préconise-t-elle. Une seule solution, "dire clairement comment on va atteindre nos objectifs et la vision du pays dans cinq ans". En clair, cesser de réciter le programme de François Hollande et s'investir davantage.
4François Hollande : mater les ministres dissipés
Le geste. Un petit geste de François Hollande n'a pas échappé au Lab d'Europe 1, mardi 16 octobre. Sur le perron de l'Elysée, le président semble encourager son Premier ministre à se montrer plus ferme. L'opposition se déchaîne alors contre son manque supposé d'autorité. Le même jour, le patron du groupe UMP, Christian Jacob, lui demande s'il "y a encore un pilote dans l'avion ?".
L'idée. Invités dans les médias, plusieurs ministres ont fait part de réflexions personnelles en décalage avec la position du gouvernement. Cette longue liste de "couacs" est du pain bénit pour l'opposition, qui dénonce l'amateurisme des socialistes.
Message reçu ? Jean-Marc Ayrault a tapé du poing sur la table dès le 15 octobre, en marge d'un déplacement dans la région nantaise. "Lorsqu'ils sont à la radio et la télévision, (les ministres) doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d'autre." Cette position a été réaffirmée une semaine plus tard à Colomiers (Haute-Garonne), rapporte Le Figaro. Mais le Premier ministre lui-même n'est pas à l'abri d'une bévue, comme récemment sur les 35 heures.
5François Fillon : se distancier de l'aile gauche
La phrase. Et qu'en dit son prédécesseur à Matignon ? Invité sur Europe 1 mardi 30 octobre, le candidat à la présidence de l'UMP conseille à Jean-Marc Ayrault de "se ressaisir et prendre ses distances avec une gauche qui est en train de les empêcher au fond de gouverner le pays".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.