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Migrants à Calais : "La France et l'Europe se créent une forteresse qui ne fonctionne pas", dénonce le co-fondateur de l'association Utopia 56

Le co-fondateur de l'association Utopia 56 et le directeur de l'Observatoire Hugo critiquent la décision du gouvernement de créer un "sas" d'accueil temporaire de migrants à Calais.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les camps de migrants sont démantelés les uns après les autres à Calais (illustration). (EMMANUEL BOUIN / RADIO FRANCE)

"La France et l'Europe se créent une forteresse qui ne fonctionne pas", dénonce sur franceinfo vendredi 5 novembre Yann Manzi, ajoutant qu'elles "laissent sur le bord de la route tous les droits fondamentaux, les droits humains". Le co-fondateur de l'association Utopia 56 réagit à la situation des personnes exilées à Calais, où le médiateur du gouvernement a annoncé la création d'un "sas" d'accueil temporaire de 300 migrants, avant que ces derniers ne soient dirigés vers des centres d'hébergement en-dehors de la ville du Pas-de-Calais.

"Malheureusement, les opérations d'évacuation ne sont que des éternels recommencements", explique François Gemenne, professeur à Sciences Po et directeur de l'Observatoire Hugo, dédié aux intéractions entre changement climatique, migrations et politiques à l'université de Liège. "Cette situation dure depuis des années, on démantèle des camps et d'autres se réinstallent." Il précise que c'est "la force de la géographie. Tant que Calais sera à une vingtaine de kilomètres des côtes anglaises, et tant que l'Angleterre restera une destination attractive pour les migrants, Calais restera un point de passage."

François Gemenne critique "la peur de l'appel d'air", qui conduit les dirigeants politiques à ne pas proposer d'hébergements à Calais afin de ne pas laisser penser que les personnes exilées puissent s'installer, en attendant de pouvoir se rendre en Angleterre. Tant qu'il y aura cette peur, "on aura ce type de situations qui provoqueront des drames, comme celui du TER" qui a heurté un groupe de migrants jeudi, faisant un mort et plusieurs blessés.

"Il faut bien comprendre que les raisons qui poussent les gens à quitter leur pays sont les impacts du dérèglement climatique, les guerres dans des régimes autoritaires, et pas la perspective de pouvoir avoir une chambre et une douche à Calais."

François Gemenne, professeur à Sciences Po

à franceinfo

Yann Manzi déplore "la complexité et la difficulté de pouvoir déposer une demande d'asile en France et dans les autres pays européens", qui font que "Calais devient la seule porte de sortie" pour les personnes exilées. Ils ne représentent en France et en Europe "que 0,2% de la population, on doit prendre notre part."

François Gemenne appelle à revoir les accords du Touquet signés entre le Royaume-Uni et la France en 2003, "parce que ce que l'Angleterre fait avec la France est au fond ce que la France fait avec l'Italie. Ce que l'Europe fait avec la Turquie ou la Libye. Et à la fin du jeu de dominos, on arrive dans des régimes très peu recommandables, et où les droits des migrants sont sans cesse violés. Cette logique de sous-traitance permanente ne peut plus durer. Cette Europe vieillissante a besoin de cette migration. Arrêtons les fantasmes !", appelle Yann Manzi, ajoutant que selon lui, "nous sommes en train de perdre nos valeurs."

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