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L'hommage affectueux de François Hollande à Jacques Chirac

Les deux présidents se sont retrouvés au musée parisien du quai Branly, pour la remise des prix de la Fondation Chirac. Un moment rare de concorde politique.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Jacques Chirac s'appuie sur l'épaule de son épouse Bernadette, le 21 novembre 2013, à son arrivée au musée du quai Branly (Paris) pour la remise du prix de la fondation Chirac. (JACKY NAEGELEN / REUTERS)

Les apparitions publiques de Jacques Chirac sont désormais rarissimes. Sa venue au musée du quai Branly, jeudi 21 novembre à Paris, pour la remise des prix de la fondation qui porte son nom, était donc très attendue. Lorsque s'ouvre la porte de l'auditorium du musée des arts premiers, voulu par lui, c'est un Jacques Chirac très affaibli qui apparaît. Il avance à tout petits pas, sous les applaudissements d'une salle debout pour l'ancien président. Le sourire est crispé, les lèvres tirées vers le bas, le regard un peu dans le vague. La main gauche appuyée sur sa canne, la droite sur l'épaule de son épouse Bernadette.

A bientôt 81 ans, Jacques Chirac n'avait pas assisté à cette cérémonie depuis 2010, pour raisons de santé. Pour l'occasion, François Hollande a fait le déplacement. Les deux présidents sont assis, côte à côte, au premier rang.

La Chiraquie présente en nombre

De très nombreux ministres ou anciens ministres ont tenu à être présents. Manuel Valls, Yamina Benguigui et Marylise Lebranchu sont là. Ainsi que la "Chiraquie" : François Baroin, "le fils politique", Alain Juppé, "le meilleur d'entre nous", Michèle Alliot-Marie, sa "petite Michèle". Et des fidèles parmi les fidèles : Jacques Toubon, Philippe Douste-Blazy, Michel Barnier, Thierry Breton, Xavier Darcos ou Christine Albanel.

Chirac affaibli à la remise du prix de sa fondation (FRANCE 2)

Trop diminué pour prendre la parole en public, Jacques Chirac a confié à sa fille Claude le soin de remettre les prix de la Fondation Chirac au docteur Denis Mukwege, qui soigne les femmes violées, victimes de violences et de mutilations sexuelles en République démocratique du Congo, et à l'organisation Femmes Africa Solidarité, qui se bat pour les droits des femmes.

Claude Chirac fait rire l'assemblée. Elle ose un "Bernie" pour saluer sa mère et énonce les conseils de son père censés la "mettre à l'aise" dans cette "mission difficile". "Fais court, articule et surtout n'oublie rien sur nos deux lauréats qui sont des personnalités admirables. Bref, essaie d'être à la hauteur", énumère-t-elle. Et ironise : "Cela m'a été d'une grande aide et d'un grand réconfort."

 

Claude Chirac et les conseils de son père (FRANCE 2)

"Il est rare de réunir deux présidents. Nous sommes très honorés par leur présence", observe le Denis Mukwege. La Sénégalaise Bineta Diop, fondatrice de Femmes Africa Solidarité, salue un "ami de l'Afrique" et fait l'éloge de Bernadette Chirac, "une grande dame derrière un grand homme".

François Hollande salue les "valeurs" de Jacques Chirac

Le discours de clôture revient à François Hollande, qui rend un hommage appuyé à l'ancien président de la République. "Je tenais à être présent pour vous saluer, vous, Jacques Chirac. Je vous retrouve avec plaisir, en dehors de notre Corrèze commune", commence le chef de l'Etat, qui n'oublie pas Bernadette Chirac, son "ancienne collègue au Conseil général".

"Je sais que j'exprime le sentiment de tous ici, poursuit-il à l'attention de son prédécesseur, en saluant votre engagement pour des valeurs qui nous rassemblent tous et qui vont au-delà des différences politiques ou des mandats exercés". Et de louer son "attachement pour les cultures, les civilisations, les histoires", sa "détermination dans la lutte contre la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme", son "engagement pour prévenir les conflits" et notamment son "refus de la guerre en Irak", en 2003.

"Ici, chacun peut vous en remercier", a affirmé François Hollande. Et de saluer enfin les "mises en garde" contre le "risque du réchauffement climatique", citant le discours de Johannesbourg en 2002"resté dans les mémoires" pour son célèbre "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Le résumé d'une présidence et de deux mandats dans lesquels le socialiste entend s'inscrire en droite ligne.

Holland rend hommage à Chirac (FRANCE 2)

La cérémonie terminée, François Hollande descend de la scène et rejoint celui qui avait promis de voter pour lui à la présidentielle, et à qui il rend visite régulièrement. Les deux Corréziens s'embrassent, échangent quelques paroles, mains jointes. Une dernière accolade et François Hollande s'éclipse. Jacques Chirac est assailli. Chacun veut lui glisser un petit mot. Lentement, au milieu des gestes prévenants, le vieil homme s'efface, silencieux mais souriant.

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