: Reportage "Les jeunes aujourd'hui n'ont aucun avenir" : en Martinique, une nouvelle opération "île morte" pour dénoncer le coût de la vie

La colère ne faiblit pas sur l'île, où plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés samedi à Fort-de-France. Ils sont appelés à poursuivre le mouvement, malgré la reprise des négociations mardi.
Article rédigé par franceinfo - Manon Lombart-Brunel
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Des habitants dans une rue jonchée de débris, le 23 septembre 2024 à Fort-de-France (Martinique. (ED JONES / AFP)

En Martinique, les tensions se poursuivent. Les négociations, qui n’ont pour l’instant pas abouti, doivent reprendre mardi 15 octobre. En attendant, sur place, la colère ne faiblit pas. Samedi, les organisations appelaient à une nouvelle opération "île morte". À Fort-de-France, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour manifester.

Du rouge sur les chapeaux, les t-shirts et tout ce qui permet d’afficher son soutien au mouvement. Cette couleur c’est celle que portent les manifestants comme Joseph. Ce retraité le voit, son caddie est de plus en plus difficile à remplir. "On fait des courses au supermarché, avant on payait moins de 100 euros, mais ces jours-ci ça passe à 150 voire 200 euros, alors que le choix de produits n'a pas changé", déplore-t-il.

Quelques exemples dans les rayons : jusqu’à quatre euros le paquet de pâtes, cinq euros le pack d’eau, les prix sont en moyenne 40% plus chers que dans l’Hexagone. Pour Luce aussi, il est de plus en plus difficile de faire face. "Je travaille, mais malgré le salaire, ça nous coûte parfois mille et quelques euros, on n'arrive pas à s'en sortir", souffle-t-elle. 

"Le loyer, l'électricité, l'eau, les courses qu'on achète... Nous sommes vraiment étranglés par les prix."

Luce, manifestante

à franceinfo

Même chose pour Luce. Pour faire entendre sa colère, cette Martiniquaise a déjà participé à plusieurs blocages. Et elle voit bien que la situation s’enflamme. "Je ne suis pas pour les violences, mais le problème c'est qu'on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, estime-t-elle. Alors les jeunes ne sont pas pour la violence mais ça n'avance pas. Donc maintenant ils disent : 'On laisse nos aînés de côté, on va reprendre le flambeau et là, peut-être qu'on va casser, brûler et à ce moment-là on aura une solution !'"

"Ce sont des gens désespérés"

Des jeunes qui n’ont plus grand-chose à perdre, pour Thierry, t-shirt rouge sur le dos. Avec ce chiffre qui le montre selon lui : sur l’île, le taux d’emploi des jeunes est de seulement 32%, contre 49% dans l’Hexagone. "Les jeunes aujourd'hui n'ont aucun avenir, aucun espoir. Donc ce sont des gens désespérés, et les gens désespérés font souvent des bêtises, explique-t-il. Mais en plus, ils n'ont rien à perdre. D'après vous, qu'est-ce que quelqu'un de désespéré et qui n'a plus rien à perdre va faire ? Il va tout faire pour qu'on l'entende."

Et pour l’instant, les manifestants sont appelés à poursuivre le mouvement. Les négociations entre les organisateurs, l’État et la grande distribution doivent reprendre mardi.

Manifestation contre la vie chère en Martinique : reportage de Manon Lombart-Brunel à Fort-de-France

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