Reportage "Je n'irai pas voter, on n'a pas la tête à ça" : en Nouvelle-Calédonie, inquiétudes sur la bonne organisation du scrutin des élections européennes

Des élus craignent une abstention record dimanche prochaine. Elle était à plus de 80% au dernier scrutin, en 2019.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le matériel de vote est arrivé à Nouméa le 2 juin qui compte 72 000 électeurs,  le 2 juin 2024, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIOFRANCE)

L'État s'y est engagé : les élections européennes se tiendront en Nouvelle-Calédonie. "Le ministère de l'Intérieur est à pied d'œuvre", a ainsi assuré lundi 3 juin sur franceinfo le Premier ministre Gabriel Attal. Il "salue les forces de l'ordre" qui ont fait "un immense travail ces derniers jours" pour débloquer "un grand nombre de barrages". Mais le chef du gouvernement concède qu'"on est loin d'un retour à la normale pour les habitants parce qu'il y a eu beaucoup de pillages, d'incendies volontaires de bâtiments publics, de commerces". 

Sur le terrain, en effet, les opérations de déblaiement des forces de l'ordre continuent après les émeutes et les tensions politiques en cours depuis trois semaines dans le contexte de la réforme constitutionnelle, rejetée par les indépendantistes. Le matériel de vote est arrivé à Nouméa le 2 juin qui compte 72 000 électeurs.

Les bureaux de votes réduits de 37 à 6

Aux côtés de policiers municipaux et d'agents de la mairie, Alan Boufenèche, directeur de la vie citoyenne de la ville de Nouméa, décharge le matériel de vote récupéré à l'aérodrome, "pour équiper la salle d'honneur de la ville avec l'ensemble des urnes et l'ensemble du matériel de vote, les bulletins, les emblèmes", explique-t-il.

Des policiers municipaux et des agents de la mairie déchargent le matériel de vote récupéré à l'aérodrome, le 2 juin 2024, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIOFRANCE)

Dimanche prochain, des forces de l'ordre seront déployées autour des bureaux de vote réorganisés pour l'occasion. "Les 57 bureaux de votes de Nouméa seront ouverts, confirme Alan Boufenèche. Ils ne seront pas répartis comme habituellement sur 37 sites, mais ils seront réduits sur six sites. Cela permettra de regrouper les bureaux de vote, c'est plus facile à surveiller".

Il ajoute : "Dans le cadre des émeutes, nos ateliers municipaux et une très grande partie nos véhicules logistiques ont brûlé, donc on fait avec les moyens du bord. Ce sera plus facile d'acheminer le matériel sur six lieux différents que 37 comme auparavant". 

"On n'y pense pas trop"

Quant aux élécteurs du Caillou, à 16 000 km de Paris, ce scrutin européen semble loin, très loin du quotidien. C'est loin d'être la priorité de ces habitants. Edna, elle, l'assure toutefois : elle ira bien voter à cette seule condition :"S'il y a la sécurité dans tous les secteurs. Avec les barrages, moi j'ai peur, mais c'est important pour développer le pays", dit-elle. 

"Je ne sais même pas de quoi ça parle, confie une femme dans la file d'attente d'une boulangerie. Non, mais je ne vais même pas voter parce qu'on n'a pas la tête à ça". "Ce n’est pas qu'on n’est pas informé, c'est qu'on est un peu pourris par ce qui se passe sur le Caillou, donc on n'y pense pas trop", répond un autre habitant. Des élus craignent une abstention record, comme celle de 2019 où le taux avait alors atteint plus de 80%.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.