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Rixe à Roquemaure : "On n'est pas à l'abri de voir le 'commando' d'Orange revenir"

La petite ville du Gard a été choquée par une véritable scène de guérilla urbaine opposant deux groupes de jeunes, samedi soir.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
80 gendarmes ont été déployés à Roquemaure, dans le Gard, pour faire face à de violents affrontements opposant deux bandes de jeunes, le 26 juillet 2014. (MAXPPP)

Des dizaines de jeunes s'affrontant à coups de barres de fer et de machettes. La scène semble tout droit sortie d'un film de gangs. Le décor est pourtant inhabituel : c'est dans la petite ville de Roquemaure (Gard), peuplée de 5000 habitants, que de violents affrontements ont opposé deux bandes de jeunes samedi 26 juillet.

"Le flou artistique règne autour de cette bagarre", explique la gendarmerie de Bagnols-sur-Cèze, dont les hommes ont été appelés en renfort samedi soir. L'incident serait parti d'une remarque déplacée faite la veille. Selon un riverain interrogé par francetv info, un jeune originaire du quartier de Fourche-Vieille, à Orange, aurait violemment insulté une jeune fille vendredi 25 juillet. Le frère de celle-ci l'aurait alors pris à parti, déclenchant une première altercation vers 18h30.

"Chacun a appelé ses amis et une quinzaine de jeunes se sont affrontés jusqu'à 19h30", explique le maire André Heughe, qui se dit très surpris de la tournure prise par les événements. L'appartement du jeune originaire d'Orange a été saccagé durant la bagarre, rapporte France 3 Languedoc-Roussillon. Bilan : une porte fracturée et un frigo retourné. De quoi échauffer les esprits. "Deux bandes rivales se sont formées, alors que ces jeunes étaient sans antécédent", poursuit l'édile.

Un règlement de comptes en plein centre ville

Samedi soir vers 19h30, une quarantaine de jeunes d'Orange ont donc débarqué à Roquemaure pour un second round. "Cinq voitures se sont arrêtées dans ma rue et des jeunes en sont sortis armés de machettes, de barres de fer et de haches", raconte un riverain, qui souhaite conserver son anonymat.

Très vite, la scène tourne au règlement de comptes armé. Une quarantaine de jeunes de Roquemaure retrouvent ceux d'Orange, rue de la République, en plein centre-ville. "lls étaient armés de bâtons et de battes de base-ball", raconte Nathalie Nury, conseillère générale PS témoin de la scène, au micro de France Bleu. Quelques "anciens" tentent de calmer le jeu, sans succès. La bagarre se déplace route d'Orange, menant à la périphérie de Roquemaure, alors que des jeunes de la ville poursuivent les assaillants.

"Je suis arrivé sur place assez vite, tout comme les pompiers et les gendarmes", relate André Heughe. La caserne de la ville ne comptant qu'une petite quinzaine de gendarmes, les forces de l'ordre se trouvent vite dépassées. "Les jeunes étaient en surnombre, j'ai dû appeler la préfecture pour demander des renforts."

Deux voitures sur le toit, des vitrines brisées

"Faute de combattants, les jeunes d'Orange se sont acharnés sur quatre voitures et ont brûlé une poubelle à l'extérieur du village", conclut le maire, qui ajoute que peu de dégâts ont été observés en centre-ville. Deux véhicules de riverains ont été retournés sur le toit, alors que les "deux autres appartenaient aux belligérants", détaille la préfecture du Gard, citée par le Figaro. Dans un reportage, M6 signale en outre quelques vitrines brisées durant les violences, qui se sont poursuivies jusqu'à 23 heures.

Huit personnes, dont un gendarme atteint d'un malaise et un blessé plus grave, ont été évacuées vers les hôpitaux d'Orange et d'Avignon. "Je m'inquiète que l'on se batte avec tant de violence pour de telles futilités", déplore André Heughe, qui souligne que la ville a jusqu'ici toujours été très calme. Il s'agit de la première rixe d'une telle envergure dans cette bourgade du Gard, située à une dizaine de kilomètres d'Orange. 

Plusieurs témoins disent avoir entendu deux à quatre détonations durant la bagarre, mais la gendarmerie n'a pour l'instant pas confirmé l'utilisation d'armes à feu, souligne France Info. Selon l'AFP, aucune douille n'a été retrouvée sur place et aucun blessé par balle n'a été accueilli à l'hôpital. "Les riverains ont sûrement confondu le bruit des caillasses avec la détonation d'une arme à feu", tempère André Heughe.

"Nous savons qu'ils chercheront à se venger"

Aucune interpellation n'a pour l'instant été effectuée. Les jeunes admis aux urgences sont "sortis dans la foulée" et "ne se sont pas encore manifestés auprès des forces de l'ordre", signale la gendarmerie de Bagnols-sur-Cèze. Une vidéo de la bagarre, qui a été remise aux forces de l'ordre samedi soir, pourrait toutefois permettre d'identifier les belligérants, selon le maire. Le parquet de Nîmes a quant à lui annoncé avoir ouvert une enquête. 

Par mesure de sécurité, des gendarmes restent déployés à Roquemaure et opèrent une surveillance "continue et discrète, de jour comme de nuit". "On n'est pas à l'abri de voir ce 'commando' d'Orange revenir", met en garde la compagnie de Bagnols-sur-Cèze. "Les habitants de Roquemaure s'attendent à des représailles, confirme un riverain. Nous savons qu'ils chercheront à se venger." Près de 48 heures après les affrontements, la ville semble pourtant avoir retrouvé son calme.

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