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#NoTwitterDay : un collectif appelle à une journée sans tweet sur X, devenue "une plateforme inquiétante, toxique et dangereuse"

Le collectif dénonce une visibilité accrue des contenus toxiques sur X (ex-Twitter) depuis la mise en place de la certification payante, et ce un an après la prise de contrôle du réseau social par Elon Musk.
Article rédigé par franceinfo - Lou Ines Bes
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le collectif #notwitterday dénonce une visibilité accrue des contenus toxiques depuis le rachat du réseau social par Elon Musk en 2022. (CHRIS DELMAS / AFP)

"Nous appelons les utilisateurs de X [ex-Twitter] à engager, le 27 octobre, une grève du tweet, un #NoTwitterDay". La tribune, publiée dans Le Monde lundi 23 octobre, est à l'initiative de Tristan Mendès France, maître de conférences associé à Paris Cité, Julien Pain, rédacteur en chef de "Vrai ou faux" sur franceinfo canal 27, et Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch.

Les signataires appellent à une prise de conscience sur les dérives du réseau social X (ex-Twitter), depuis son rachat par Elon Musk, il y a un an, presque jour pour jour, le 28 octobre 2022. "Montrons que notre engagement pour une plateforme respectueuse des faits et de la dignité des personnes est plus fort que notre besoin quotidien de 'scroller'".

Le collectif dénonce une visibilité accrue des contenus toxiques, notamment depuis la mise en place d’un système de certification payant, Twitter Blue, depuis avril 2022. "Le dispositif des pastilles est devenu une sorte de signal d'adhésion à la politique d'Elon Musk, explique Tristan Mendès France, qui anime avec Rudy Reichstadt "Complorama", un podcast  de franceinfo. Cette mesure a agi comme un repoussoir pour les personnes n'adhérant pas à la philosophie d'Elon Musk et comme un aimant pour ceux qui y adhèrent. Le résultat que l'on a pu constater, c'est que beaucoup des grands influenceurs d'extrême droite de la complosphère internationale se sont rués vers la pastille bleue pour bénéficier d'une survisibilité algorithmique". 

"La visibilité de ces communautés marginales d'extrême-droite dépasse largement la réalité de ce qu'elles représentent dans la société".

Tristan Mendès France, animateur du podcast Complorama,

à franceinfo

Ensuite, les créateurs du hashtag #NoTwitterDay appellent à une prise de conscience sur ce que pourrait devenir le réseau social si une modération sérieuse n'est pas mise en place. "La tendance générale de la plateforme nous semble inquiétante, toxique et dangereuse, prévient Tristan Mendès France. X est atteint de cette maladie propre aux réseaux sociaux au sens très large, qui fait que si les plateformes ne modèrent pas suffisamment, elles sont phagocytées par leurs communautés extrémistes."

Ainsi, la volonté ardente d'Elon Musk d'assurer une plateforme de liberté d'expression totale sans modération accrue amènera inévitablement, selon Tristan Mendès France, à un "entre-soi d'extrémistes". C'est ce qui est arrivé selon lui aux réseaux 4Chan, Gab ou Truth Social, des réseaux sociaux marqués à l'extrême droite.

Des alternatives comme Mastodon ou BlueSky

Enfin, la tribune alerte sur le risque de désinformation provoquée par la "réduction de la visibilité des médias d’information classiques et d’amplification de l’empreinte numérique de médias ouvertement propagandistes" et s'inquiète du retrait de X (ex-Twitter) du code européen de bonnes pratiques contre la désinformation en ligne, "qui contient des engagements visant à priver de publicité les sites de désinformation".

Si pour le moment, X (ex-Twitter) est incontournable "en raison d'un effet de volume", des plateformes comme Mastodon ou Bluesky pourraient être des alternatives, mais pas dans l'immédiat. Les initiateurs du #NoTwitterDay appellent d'ailleurs à s'y rejoindre virtuellement le vendredi 27 octobre. Néanmoins, "les réseaux sociaux ne sont pas éternels et peuvent mourir, notamment à cause de ce phagocytage de comptes d'extrême droite, analyse Tristan Mendès France. Seul Thread de Meta aurait pu avoir les épaules pour accueillir une bonne partie des utilisateurs de Twitter, dont la moitié est européenne, sauf qu'il n'a pas encore rempli les conditions imposées par l'Union européenne".

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