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Escroqueries sur internet : un an après son lancement, la plateforme Thesee a reçu près de 85 000 plaintes et signalements

Dans le détail, près de 70 000 particuliers ont déposé plainte en ligne via le dispositif, et plus de 16 000 signalements y ont été effectués.
Article rédigé par France Inter, Ariane Griessel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Escroquerie sur internet (illustration). (LIONEL LE SAUX / MAXPPP)

La plateforme Thesee (Traitement harmonisé des enquêtes et signalements pour les e-escroqueries), lancée le 15 mars 2022, a recueilli en un an près de 85 000 plaintes et signalements, selon les informations de France Inter. Dans le détail, 68 365 particuliers ont déposé plainte en ligne via ce dispositif, et 16 592 ont saisi la plateforme pour effectuer un signalement.

Toutes ces sollicitations sont étudiées dans les étages du siège de la Direction centrale de la police judiciaire, à Nanterre (Hauts-de-Seine), par des enquêteurs de l'OCLCTIC (Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication). Ils sont une trentaine à se relayer sur leurs écrans pour évaluer chaque cas, vérifier qu'une plainte est recevable, demander d'éventuels compléments … "Le traitement se fait en général sous 48 heures", explique l'un d'eux.

Des procédures regroupées 

La majorité des sollicitations concerne les faux sites de vente, avec 40% des plaintes et signalements, suivis des faux vendeurs (17%), des faux acheteurs (11%), des fausses locations (10%) et du piratage de profil (9%). Le reste se répartit entre les tentatives de chantage, les escroqueries "aux sentiments" - dans lesquelles les escrocs se font passer pour des personnes cherchant l'amour en ligne, avant de soutirer de l'argent à leur victime - ou les blocages de données en attendant une rançon, le  "ransomware".

Tandis que les policiers lisent les divers documents qui leur parviennent, un logiciel d'analyse se charge de détecter les éventuels liens entre toutes les affaires. Devant une série de points reliés les uns aux autres, le major de police Marc Conraux, adjoint au chef de la plateforme Thesee, détaille les différentes possibilités : "Ici, nous avons un point commun qui ressort entre les dossiers, il s'agit du nom d'un site, qui s'avère être un faux site de vente, avec 49 plaintes et trois signalements, pour un montant de 11 480 euros". Cette affaire donnera lieu à une seule procédure judiciaire, transmise au parquet de Nanterre. "Avant, les gens seraient allés déposer plainte un peu partout sur tout le territoire, et il y aurait eu différentes procédures, initiées par différents services".

Les faux sites de vente en tête des plaintes et signalements

 

La commissaire Cécile Augeraud, cheffe de l'OCLCTIC, se souvient notamment d'un dossier pour lequel l'enquête a déjà abouti : un soi-disant vendeur proposait des jeux de société d'occasion, payés par les clients qui ne voyaient jamais arriver la marchandise. "C'est une procédure pour laquelle les préjudices des victimes étaient a priori d'un montant peu important, de 0 à une cinquantaine d'euros, pour laquelle nous avons réussi à recouper un peu moins de 100 plaintes, donc 100 victimes concernées par les agissements d'un seul individu. Le préjudice global était pratiquement de 7 000 euros. Cet individu a été traité par un service d'enquête et rembourse actuellement les victimes qui n'ont pas reçu leur bien", raconte Cécile Augeraud.

Lors de la première année de mise en service, les plaintes et signalements ont abouti au total à l'ouverture de 75 enquêtes, certaines regroupant donc plusieurs faits. Le préjudice cumulé de toutes ces procédures judiciaires est, à ce stade, estimé à 8 640 752 euros. 76 dossiers de "ransomware" ont également été transmis à la section compétente du parquet de Paris.

Un dispositif accessible aux mineurs

Accessible via l'adresse service-public.fr, avec un numéro France Connect, la plateforme est également ouverte aux mineurs "souvent pour des faits de chantage", souligne la cheffe de l'OCLCTIC Cécile Augeraud. Ces derniers peuvent y déposer un signalement.

Le recours à Thesee reste cependant facultatif, et il est toujours possible pour un internaute de se rendre dans une gendarmerie ou un commissariat, lorsqu'il pense avoir été victime d'une escroquerie.

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