Le juge Garzón acquitté dans son procès sur le franquisme
Suspendu de ses fonctions depuis 2010, le magistrat espagnol était accusé d'avoir enfreint la loi d'amnistie sur la période de la dictature, en voulant enquêter sur 114 000 victimes de Franco.
La Cour suprême espagnole a acquitté, lundi 27 février, le juge Baltasar Garzón, dans un procès où il était poursuivi pour avoir voulu enquêter sur les disparus du franquisme, a indiqué le journal El Mundo.
Célèbre dans le monde entier pour avoir ordonné l'arrestation de l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet, le magistrat de 56 ans était accusé d'avoir enfreint la loi d'amnistie espagnole de 1977 portant sur la période de la dictature franquiste (1939-1975), en tentant depuis 2008 de faire la lumière sur les meurtres de 114 000 personnes par les forces loyales à Franco. Le procès s'était achevé le 8 février et le jugement avait été mis en délibéré.
Interdit d'exercer pendant onze ans
Le juge avait été condamné le 9 février à onze ans d'interdiction d'exercer dans un autre procès, pour avoir ordonné des écoutes illégales d'avocats de la défense. Il entend faire appel de cette condamnation, qui pourrait mettre un terme à sa carrière.
L'enquête sur le franquisme, qui divise la société espagnole, Baltasar Garzón dit l'avoir ouverte à la demande des familles des victimes et en accord avec la loi internationale, comme il l'avait fait dans l'affaire Pinochet.
Un pacte du silence
C'est délibérément que le juge avait enfreint la loi qui couvre les crimes commis sous Franco, estimant qu'il y avait un "caractère imprescriptible des crimes contre l'humanité" commis par le dictateur.
Cette loi d'amnistie était destinée à accompagner le processus démocratique et avait notamment été réclamée par la gauche, rappelle l'hispaniste Stéphane Pelletier dans le quotidien Libération. Elle avait alors permis de vider les prisons espagnoles des prisonniers politiques contre le silence sur les crimes des franquistes.
Par conséquent, il n'y a pas eu de politique de réparation pour les victimes. "Aussi, pour nombre d'Espagnols, le rejet de la dictature et de la violation des droits de l’homme ne s'est pas inscrit comme une évidence dans la construction de leur culture politique", explique le chercheur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.