JO de Paris 2024 : ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron à près de 100 jours du début des Jeux
Emmanuel Macron tente de rassurer les Français à 102 jours du début des Jeux olympiques. Sous l'immense verrière du Grand Palais à Paris, site des épreuves olympiques et paralympiques d'escrime et de taekwondo, le président de la République a répondu aux questions de BFMTV, lundi 15 avril.
L'occasion pour le chef de l'Etat de faire un point sur les différents défis posés par l'organisation des JO à Paris.
Diplomatie : "On va tout faire pour avoir une trêve olympique"
Au moment où l'embrasement menace au Proche-Orient après l'envoi par l'Iran de drones et de missiles sur le sol israélien dans la nuit de samedi à dimanche, Emmanuel Macron a assuré "vouloir tout faire pour avoir une trêve olympique" pendant les JO de Paris qui doivent être "un moment aussi diplomatique, de paix". "La force de l'olympisme, (...) c'est aussi ce qui nous a motivés à organiser les Jeux en France. C'est le respect et la tolérance", a estimé le chef de l'Etat. "On veut œuvrer à la trêve olympique et je pense que c'est une occasion sur laquelle je vais d'ailleurs essayer d'engager beaucoup de nos partenaires", comme la Chine, dont le président "vient dans quelques semaines à Paris", a ajouté le président de la République.
Interrogé aussi sur la différence de traitement faite par le CIO entre la Russie et Israël, Emmanuel Macron a déclaré : "La Russie a décidé d'une guerre d'agression, qui dure depuis plus de deux ans (...) La distinction est très claire, on ne peut pas dire qu'Israël est un attaquant." Certains sportifs russes et biélorusses vont pouvoir participer aux JO sous bannière neutre, mais ils ne se joindront pas au défilé des délégations lors de la cérémonie d'ouverture.
Cérémonie d'ouverture : en cas de menace terroriste, elle pourrait être "limitée au Trocadéro", voire au Stade de France
La cérémonie d'ouverture a été imaginée sur la Seine, avec 94 embarcations dédiées aux délégations nationales, sur un parcours allant du pont d'Austerlitz à la tour Eiffel. "C'est une première au monde. On peut le faire et on va le faire", a martelé le président. Il a insisté sur "les moyens de renseignements et d'intelligence", notamment cyber, déployés pour la sécurisation de cette cérémonie inédite.
"On fera une analyse en temps réel [des risques]."
Emmanuel Macronsur BFMTV
Mais en fonction des menaces au moment de l'ouverture des JO, "il y a des plans B et même des plans C", "et on les prépare en parallèle", a rappelé le président. En cas de menace terroriste, la cérémonie d'ouverture pourrait être "limitée au Trocadéro", voire "rapatriée dans le Stade de France", a ainsi déclaré Emmanuel Macron.
Flamme olympique : "Pas mon rôle ni ma place" de participer au relais
Emmanuel Macron a également estimé que ce n'était "pas forcément [sa] place" ni "[son] rôle" de porter la flamme olympique, ce qui "n'est pas prévu au programme". "Je veux laisser ça aux gens qui ont été sélectionnés, à nos compatriotes, aux sportifs et aux Françaises et Français qui sont là", a-t-il dit, à la veille de l'allumage, à Olympie (Grèce) de la flamme, qui arrivera en France le 8 mai à Marseille.
"On verra si quelqu'un m'invite à la porter, mais ce n'est pas prévu au programme", a-t-il dit. D'après les règles du Comité international olympique, les personnalités élues en exercice, ou les personnalités religieuses, ne peuvent pas porter la flamme. "Moi, je serai le 8 mai à Marseille, là pour accueillir le Belem", a-t-il dit, la flamme arrivant par la mer sur le grand voilier depuis la Grèce. "Je serai un spectateur émerveillé de ces 450 villes étapes, de ce 8 au 26 juillet où la flamme va voyager partout à travers la France", outre-mer compris.
Menaces de grève : "confiance" dans les syndicats
Emmanuel Macron a dit sa "confiance" dans les syndicats et leur "esprit de responsabilité", alors que certains comme la CGT et FO ont déposé des préavis de grève pour la période des Jeux olympiques. "La France, c'est une équipe, c'est une nation unie et donc on est au rendez-vous de cette exemplarité", a-t-il lancé. "Je dis aux syndicats 'On va tous être vigilants, mais on va montrer que la France sait organiser un grand événement, en étant exemplaire sur le droit du travail, sur la sécurité au travail'... Et donc, oui à la trêve olympique", a-t-il encore plaidé.
Eau de la Seine : "Je n'ai pas changé d'avis"
Emmanuel Macron a assuré une nouvelle fois qu'il se baignerait dans la Seine, malgré les doutes qui subsistent sur la qualité de l'eau du fleuve. "Non, je n'ai pas changé d'avis", confirme-t-il. "On a dépensé plus d'un milliard d'euros d'argent public", rappelle-t-il, pour assainir la Seine et permettre au triathlon ou aux épreuves en eau libre de s'y dérouler. L'ONG Surfrider Foundation a pourtant révélé début avril la présence de plusieurs bactéries dans le fleuve, dont l'Escherichia coli et des entérocoques, à des niveaux supérieurs aux normes définies par la Fédération internationale de natation.
Accessibilité des transports : "On n'est pas totalement à la hauteur"
Interrogé sur la vétusté du métro parisien, qui ne permettra pas aux personnes à mobilité réduite de se déplacer en transports en commun à Paris pendant les Jeux, le président de la République a admis une occasion manquée dans ce domaine. "On n'est pas totalement à la hauteur et au rendez-vous, on le sait très bien (...) Mais c'étaient des dizaines de milliards d'euros", a déclaré sur BFMTV le chef de l'Etat. Il a évoqué pour se justifier l'ancienneté du métro parisien.
"On n'aura pas transformé le métro...", reconnaît-il, tout en rappelant que les lignes ouvertes "sont accessibles". "Dans les déplacements, on va avoir 1 000 taxis accessibles qu'on va mettre en place", a ajouté le président. "C'est aussi une question de changement de mentalité collective. Rendre la ville accessible (...) c'est avoir aussi des gestes du quotidien", a estimé le chef de l'Etat, évoquant par exemple le respect des places de stationnement pour les personnes à mobilité réduite.
Finances publiques : "Les Jeux financent les Jeux"
"Les Jeux financent les Jeux", a assuré une nouvelle fois Emmanuel Macron, interrogé sur les conséquences de cet événement mondial sur les finances publiques de la France. Cette phrase est régulièrement martelée par l'exécutif et les membres du Cojo. L'organisation des JO est financée par les sponsors, certes, mais tout ce qui relève des infrastructures vient de la poche du contribuable.
Le coût pour l'Etat et les collectivités locales est estimé à 2,4 milliards d'euros mais pourrait atteindre 3 milliards d'euros selon le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. La facture totale des JO de Paris frôle actuellement les 9 milliards d'euros. Tout n'est pas encore compté, facturé, additionné, et il est vraisemblable que la note finale dépasse les 10 milliards d'euros.
Aya Nakamura : "Elle fera partie des artistes"
Aya Nakamura sera-t-elle de la fête lors des JO ? "On verra au 'final cut' ce que [le metteur en scène] monsieur Jolly décide, mais elle fera partie des artistes", a assuré Emmanuel Macron. La possible participation à la cérémonie d'ouverture de la chanteuse francophone la plus écoutée au monde, pressentie pour interpréter une chanson d'Edith Piaf, avait provoqué de vives réactions, notamment à l'extrême droite. "Les réactions m'ont choqué, parce qu'il y a eu des réactions vraiment racistes", a ajouté le président de la République. "Il y a eu des réactions qui étaient des incompréhensions (...) parce qu'à la cérémonie d'ouverture, on va avoir des centaines d'artistes mobilisés."
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