Paris 2024 : pourquoi certains athlètes français n’arrêtent-ils pas leur saison après un événement comme les Jeux olympiques et paralympiques ?

Ils ont travaillé plusieurs mois, voire plusieurs années, pour atteindre leur objectif lors des Jeux de Paris. Mais maintenant l'épreuve passée, certains ont décidé de poursuivre leur effort en cette fin de saison.
Article rédigé par Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Benjamin Thomas, Sasha Zhoya et Pauline Ferrand-Prévôt (de g. à dr.). (MAXPPP/AFP/AFP)

En athlétisme, cyclisme ou encore triathlon, nombre d'internationaux tricolores n'ont pas levé le pied depuis les Jeux de Paris. Profiter d'un pic de forme, gonfler un palmarès, construire la saison suivante, les raisons sont multiples pour expliquer pourquoi ils n'ont pas pris de vacances, sitôt passé la plus importante échéance de l'année. Les Jeux finis, il y a ceux qui ont filé décompresser au soleil : direction les Philippines pour la championne olympique d'escrime Manon Apithy-Brunet, les Baléares pour la vice-championne olympique de pentathlon moderne Elodie Clouvel.

Puis, il y a ceux qui ont directement enchaîné. Les cyclistes olympiens Christophe Laporte, Victoire Berteau et Audrey Cordon-Ragot sont engagés aux championnats d'Europe sur route les 14 et 15 septembre. Sacrée le 31 juillet, la triathlète Cassandre Beaugrand a replongé en compétition le 19 août. Enchaînement encore plus rapide pour le hurdleur Sasha Zhoya, éliminé en demi-finales du 110 m haies le 7 août et aligné sur un meeting en Suisse quinze jours plus tard. 

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"L'objectif est de continuer à prendre de l'expérience. Il est au début de sa carrière. Il a besoin de ces courses. Même s'il avait été champion olympique, il aurait couru, car il faut toujours continuer d'avancer", éclaire son entraîneur, Ladji Doucouré. En empilant les courses, le hurdleur a pu faire monter sa forme et raboter son record personnel de cinq centièmes (13"10 désormais).

"On a fait le choix de le faire courir tous les cinq jours pour qu'il s'habitue à répéter ce genre d'effort et qu'il soit encore plus performant l'an prochain."

Ladji Doucouré, entraîneur de Sasha Zhoya

à franceinfo: sport

L'espoir tricolore a aussi pu valider les minima (fixés à 13"27) pour les prochains championnats du monde, organisés au Japon du 13 au 21 septembre 2025. Le perchiste Thibaut Collet a, lui aussi, continué de sauter après l'immense désillusion de son élimination en qualifications. Il s'est rassuré avec la barre des minima des Mondiaux, 5,82 m, effacée à Nantua (Ain), le 31 août.

"On prépare déjà Los Angeles 2028"

Se projeter sur la saison suivante est l'une des motivations des athlètes qui poursuivent les compétitions après le sommet d'intensité émotionnelle et physique que constituent les Jeux. "Il y a des points à aller chercher au ranking pour la qualification aux Mondiaux 2025. Sur le 400 m haies par exemple, on n'en gagne pas l'hiver, donc il faut aller les prendre maintenant", rappelle Olivier Vallaeys, entraîneur du hurdleur Wilfried Happio, qui a couru en Allemagne et en Suisse après son élimination en demi-finales aux JO. Une obligation pour certains, d'autant qu'aucun point n'est distribué aux Jeux.

Raisonnement identique en triathlon et paratriathlon, disciplines où les corps des Tricolores vont être mis à rude épreuve : après les Jeux, ils ont au programme les championnats de France des clubs dimanche 15 septembre à Saint-Jean-de-Monts (Vendée), ceux d'Europe les 21 et 22 septembre à Vichy (Allier) et les Mondiaux du 17 au 20 octobre à Torremolinos (Espagne).

Nicolas Becker, entraîneur de l'équipe de France de paratriathlon, confie que l'impasse sur les Europe avait un temps été imaginée, mais l'attribution des championnats à la France a rebattu les cartes. Pour lui, il y a une triple explication à la poursuite de la saison pour les olympiens et paralympiens : "Il y a une attente des athlètes, qui ont envie de concourir. Mais aussi des institutions, la Fédération et l'Agence nationale du sport, qui veulent voir nos meilleurs sportifs courir en championnats. Puis, mine de rien, on prépare déjà Los Angeles 2028."

"Les Mondiaux donnent des points au ranking pour être bien classés en 2025. C'est un cercle infernal : si on prend du recul, on descend dans la hiérarchie. Ça serait dommage de s'en priver, mais on tire beaucoup sur la corde."

Nicolas Becker, entraîneur de l'équipe de France de paratriathlon

à franceinfo: sport

A Vichy, lors des championnats d'Europe, les paratriathlètes pourront s'appuyer "sur leur niveau de forme des Jeux car ils ont continué à rouler, nager et courir", assure le coach. Ceux qui ont brillé à Paris auront à cœur d'être à la hauteur de leur statut, quand les déçus chercheront à "prendre leur revanche pour ne pas rester sur leur faim".

Malgré une liste de titres déjà XXL, Alexis Hanquinquant devrait s'aligner aux Europe, puis aux Mondiaux après une petite coupure et un nouveau cycle de travail. "En triathlon, les Mondiaux ont lieu chaque année. Pour Alexis, c'est important. Il ne veut pas laisser son titre à quelqu'un d'autre", insiste Nicolas Becker.

Ajouter une ligne à son palmarès pousse bon nombre de sportifs à inscrire à leur agenda un championnat après les Jeux. Ainsi, après avoir décroché sa deuxième breloque paralympique en argent (sur trois au total), le 4 septembre, la cycliste mayennaise Heïdi Gaugain avait déjà en tête les Mondiaux sur route, organisés du 21 au 29 septembre à Zurich (Suisse). "C'est sûr qu'il faut réussir à se reconcentrer. Quand on a fait les Jeux paralympiques, les Mondiaux peuvent paraître mineurs, mais pour elle, pour son palmarès, c'est important. En revanche, elle ne devrait s'aligner que sur une épreuve", glisse Mathieu Jeanne, entraîneur des Bleus du paracylisme.

Rémunération et contrat

Au même endroit et sur la même période seront organisés les Mondiaux de cyclisme sur route. Si la liste des sélectionnés n'est pas encore connue, la championne olympique de VTT Pauline Ferrand-Prévôt a confié à L'Equipe qu'elle y participerait, premier pas de sa reconversion sur la route. Comme sa coéquipière Loana Lecomte, Pauline Ferrand-Prévôt avait déjà participé à la toute fin du mois d'août aux Mondiaux de VTT en Andorre. Le champion olympique de l'omnium, Benjamin Thomas, a, lui, retrouvé les routes sur le Tour Poitou-Charentes avec son équipe Cofidis dès le 20 août, douze jours après son sacre sur le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Selon leur discipline, certains sportifs sont en effet liés contractuellement à des équipes professionnelles et gagnent leur vie en s'alignant sur des épreuves. En triathlon, Cassandre Beaugrand a ainsi choisi de participer au circuit privé Supertri sous les couleurs de Crown Racing, avec des étapes à Boston, Chicago ou encore Londres. Même choix pour Léo Bergère, Dorian Coninx et Léonie Périault, avec l'équipe Podium Racing. Un programme chargé lancé dès la mi-août. "C'est un choix tactique des triathlètes de faire ou non le circuit privé. Ce sont des courses avec moins de pression, donc utiles pour tenter des choses. On y voit certains progresser", analyse Nicolas Becker.

Les membres des équipes de sports collectifs ont également, pour certains, déjà retrouvé le chemin de leur club. Si Antoine Dupont, champion olympique avec les Bleus du rugby à 7, n'est pas attendu sur les pelouses du Top 14 avant octobre, il a été aperçu à l'entraînement. En revanche, pour les handballeurs, les vacances sont déjà finies. Pour les joueuses notamment, la coupure aura été courte. La capitaine des Bleues Estelle Nze Minko, vice-championne olympique à Paris avec ses coéquipières, a rattaqué l'entraînement puis les matchs moins de deux semaines après sa finale. Avec déjà dans le viseur un autre gros rendez-vous : le championnat d'Europe, du 28 novembre au 15 décembre en Autriche, Hongrie et Suisse. 

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