Reportage "On est venus profiter une dernière fois" : sur les Champs-Elysées, la parade des champions met un terme à l'aventure Paris 2024

Sur les Champs-Elysées et la place de l'Etoile, athlètes français, supporters et parties prenantes des Jeux se sont retrouvés, samedi, pour un ultime moment de communion.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Léon Marchand, quadruple médaillé d'or aux Jeux de Paris en natation, communie avec les partenaires de Paris 2024, devant une foule très nombreuse, le 14 septembre 2024, sur les Champs-Elysées pour la parade des champions. (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)

"C'était une période exceptionnelle à vivre, aujourd'hui on vient dire au revoir. Et il y a un peu de nostalgie qui arrive, forcément..." Aux alentours de 15 heures, Jordan et Thierry, deux spectateurs assis sur un banc à quelques mètres de la place de l'Etoile, samedi 14 septembre, observent la foule pas encore compacte qui se dirige tout autour de l'Arc de triomphe.

C'est ici, en haut des Champs-Elysées, que sont attendus les athlètes olympiques et paralympiques français des Jeux de Paris afin d'être célébrés par leurs supporters, puis honorés par le président de la République.

Si les deux hommes se sont inscrits sur la billetterie gratuite pour vivre au plus près cette parade des champions, c'est avant tout pour apercevoir celle qui leur a procuré le plus d'émotions : Aurélie Aubert, médaillée d'or en boccia. "Elle a été impressionnante, on a découvert son sport un peu comme tout le monde. On a vibré pendant sa compétition, on l'a vue rayonnante dans les médias, éteindre la flamme lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques... On ne peut pas l'oublier !"

Claudine Llop et Aurélie Aubert, deux des stars des Jeux paralympiques de Paris 2024, ont été très plébiscitées par le public, le 14 septembre 2024 à Paris, lors de la parade des champions. (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)

De l'autre côté de la place, Christophe, Séverine et leur fille Clarisse ont le regard fixé sur l'écran géant. D'origine belge "mais résidents français depuis plus de vingt ans", précise le premier en rigolant, ils ont tous les trois vibré derrière les prestations des Bleu(e)s et sont impatients de les voir défiler.

"On a vécu des moments d'exception tout l'été, on voulait profiter une dernière fois de toute cette énergie, vivre cette joie populaire. Ces champion(ne)s, ils nous ont fait du bien. C'était un moment morose pour tout le monde. Les Jeux sont bien tombés. Et ce qui va rester, c'est la grande chance d'avoir pu vivre ça au moins une fois dans notre vie."

Christophe, Clarisse et Séverine, trois spectateurs présents, le 14 septembre 2024, sur la place de l'Etoile pour communier avec les athlètes tricolores des Jeux de Paris 2024. (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)

En bas de la plus belle avenue du monde, en amont du cortège des sportifs, les volontaires s'apprêtent à ouvrir le bal sur le podium géant de 300 mètres. Certain(e)s profitent du passage à proximité des frères Lebrun ou d'Antoine Dupont pour leur demander un autographe, ou simplement leur glisser un mot de félicitations. Pourtant, ce sont bien eux, dans leur tenue bleu-vert désormais très reconnaissable, qui sont les premiers à se succéder devant près de 30 000 personnes venues leur dire merci.

Un adieu à la magie de Paris 2024

Jade, qui a travaillé sur les sites de compétition, mais également dans les fan-zones de la ville de Paris, est presque rattrapée par l'émotion. "C'est une telle fierté et un immense honneur de pouvoir, à notre tour, être un peu mis en avant, explique-t-elle. C'était une expérience tellement immense, je ne réalise pas encore." Juste à côté, Nélia Barbosa, dernière médaillée tricolore des Jeux paralympiques (en argent en paracanoë), ne manque pas de les applaudir comme il se doit. "Les volontaires ont fait un boulot incroyable, ils étaient hyper investis et c'est aussi à eux qu'on doit cette magie de Paris 2024."

Jade, au centre, et plusieurs volontaires de la ville de Paris ayant œuvré pendant les Jeux ont défilé sur les Champs-Elysées, le 14 septembre 2024. (CLEMENT MARIOTTI PONS / FRANCEINFO: SPORT)

L'ultime communion avec le public français se précise. "On est un peu fatigués, mais on est tous trop contents de finir de la plus belle des manières devant ce public qui nous a poussés comme des dingues", souligne Emeline Pierre, en or et en bronze en paranatation. Plusieurs athlètes évoquent, au détour d'un micro ou devant la caméra, leur peur du vide, du moment où tout s'arrête. Hector Denayer, double médaillé paralympique en paranatation, explique par exemple avoir été "un peu triste" cette semaine.

Après avoir quitté dès lundi le village paralympique, le jeune homme de 19 ans a rejoint Fontainebleau (Seine-et-Marne) pour un stage d'incorporation à l'armée des champions, avant de rentrer à Sélestat (Bas-Rhin) deux jours pour des rendez-vous médicaux, et un peu de temps avec les amis. "On vient à Paris pour une dernière fête, mais on sait que ce soir, tout sera fini. On a tant bossé pendant toutes ces années pour qu'au final l'été passe en un rien de temps, c'est un peu dur !"

Le sentiment est identique pour Cassandre Beaugrand, championne olympique de triathlon, qui évoque "une aventure incroyable" mais aussi une "page qui va se tourner", non sans tirer la moue. "D'autant plus que ma saison n'est pas finie, j'ai encore des compétitions, des titres à aller chercher, donc je dois me concentrer là-dessus et ensuite, je penserai aux vacances." "L'été a été magnifique, mais il va falloir revenir à la vraie vie, quoi !", résume dans un sourire Alexis Hanquinquant, médaillé d'or en paratriathlon.

Champion olympique de surf, Kauli Vaast a trouvé, lui, sa manière d'évacuer la sinistrose. "J'avais déjà prévu de tourner la page en me coupant les cheveux. Mais bon, c'est parti du mauvais côté ! J'ai laissé la crête, mais ça va repousser. C'était un peu le moyen pour moi d'entamer un nouveau départ", sourit le Tahitien.

"Ne pas oublier ces valeurs"

Vers 18 heures, Léon Marchand et consorts finissent leur déambulation sous les vivats nourris de la foule, avant de rejoindre l'Arc de triomphe pour la cérémonie de remise des décorations. L'ambiance n'est pas sans rappeler celle du Club France lors de la célébration des médailles, mais c'est déjà du passé. Dans l'air, c'est un mélange d'émotions contrastées qui flotte, entre envie de partager les sourires et, dans le même temps, de regretter la fin d'un été doré.

Evoquée par le président de la République, l'idée d'une fête nationale du sport tous les 14 septembre pourrait faire office de bouée de sauvetage. "Ça s'inscrit dans l'héritage de ces Jeux de Paris, de faire en sorte que tous les ans, on se rappelle qu'on a eu cet événement chez nous, que c'était fou malgré le scepticisme qu'il pouvait y avoir au début, valide Nélia Barbosa. Pendant plus d'un mois, on a tous partagé ensemble, on a fait preuve d'une solidarité exceptionnelle... Il ne faut pas oublier toutes les valeurs mises en exergue par ces Jeux à la maison." 

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