Mariage pour tous : climat tendu pour les dernières manifestations
Les inquiétudes s'amplifient avant la manifestation des opposants, dimanche à Paris, et la célébration du premier mariage homo, mercredi à Montpellier.
La loi sur le mariage pour tous a beau avoir été déjà votée, puis enterrinée par le Conseil constitutionnel, les tensions entourant cette question polémique restent vives. Dimanche 26 mai, les opposants au mariage pour tous, déjà mobilisés, défileront en masse à Paris, mais sans leur leader, Frigide Barjot qui craint pour sa personne. Trois jours plus tard, le premier mariage homosexuel sera célébré à Montpellier, mais sans retransmission sur le parvis de la mairie. Retour sur les annonces qui ont rythmé cette veille de week-end tendu.
Frigide Barjot recule face aux menaces
La veille encore, elle hésitait. Finalement, la figure de proue de l'opposition au mariage pour tous enfonce le clou. Frigide Barjot, porte-parole de La Manif pour tous, a déclaré vendredi 24 mai qu'"en l'état actuel des choses", elle "ne pens[ait] pas se rendre" à la manifestation de dimanche contre l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe.
"Il y a des menaces très graves qui pèsent sur moi", a-t-elle répété vendredi aux journalistes. "C'est ma personne qui est aujourd'hui contestée", a considéré l'égérie des anti-mariage pour tous, précisant recevoir de la part de "gens violents" des SMS disant : "Tu ne parleras pas d'union civile."
4 500 policiers et gendarmes seront mobilisés dimanche pour encadrer la manifestation selon la préfecture de police, qui évoque un "dispositif conséquent".C'est plus que le double de l'effectif mobilisé pour la manifestation du 24 mars, où les manifestants étaient 300 000 selon la police, 1,4 million selon les organisateurs. Selon une source policière, les autorités tablent sur la présence de 150 000 à 200 000 manifestants dimanche. "Aucun débordement ne sera toléré", a prévenu la préfecture.
Des opposants mobilisés en avance
Environ cent cinquante membres du Printemps français et du Collectif des avocats contre la répression policière et idéologique, ont manifesté vendredi 24 mai au soir, devant le siège du Grand Orient de France, à Paris. Leur but : protester contre ce qu'ils estiment être l'implication des francs-maçons dans l'inspiration de la loi sur le mariage pour tous, dont ils réclament l'abrogation. Aux cris de "Franc-maçons fascistes !" ou de "Nous sommes le peuple !", ils ont déployé une banderole : "Non au mariage gay - On ne lâchera rien".
Béatrice Bourges, porte-parole du Printemps français, a déclaré : "Nous sommes le peuple de l'espérance. Manuel Valls ne nous fera pas taire, les menaces ne nous font pas peur." Le ministre de l'Intérieur avait indiqué dans la matinée "étudier" la possibilité d'interdire le Printemps français, qu'il accuse de "défier la démocratie".
Une dizaine de jeunes hommes torse nu, les "Hommen", copie masculinisée des féministes de Femen, ont ensuite déployé la banderole devant l'entrée de l'immeuble et allumé des fumigènes. Après avoir entonné la Marseillaise, les manifestants se sont dispersés dans le calme, après 45 minutes de manifestation.
Le premier mariage homo sans écran ni bain de foule
Face à la crainte de débordements, le premier mariage homosexuel célébré en France ne sera pas retransmis, mercredi 29 mai, sur le parvis de l'hôtel de ville de Montpellier, dans l'Hérault. C'est pourtant ce que souhaitaient les futurs mariés, Vincent Autin et Bruno Boileau. Mais pour des raisons de sécurité, leur souhait ne sera pas exaucé, a indiqué la maire PS de la ville, Hélène Mandroux.
L'intégralité de la cérémonie officielle aura lieu dans la salle des rencontres de la mairie, a précisé l'édile, précisant que l'assistance regrouperait quelque "200 proches du couple", "300 personnes invitées" et "130 journalistes". Deux membres du gouvernement sont aussi annoncés, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, et la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti.
Autre changement de programme pour le couple : les mariés ne pourront pas sortir sur le parvis après la cérémonie, pour remercier ceux qui les ont soutenus. La préfecture a dit qu'"il ne fallait pas qu'ils sortent", a expliqué Hélène Mandroux, affirmant que d'ici à mercredi, "ça peut encore changer". Un apaisement souhaité, donc, par tous, opposants, autorités et partisans du texte.
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