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Conférence climat : trois anecdotes sur une semaine de négociations agitée

Depuis lundi, les 195 Etats discutent pour la dernière fois avant la COP21 de décembre, à Paris. Mais ces cinq jours de discussions ont été chaotiques. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lors d'une réunion à Bonn (Allemagne), le 20 octobre 2015, préparant la conférence climat de Paris. (PATRIK STOLLARZ / AFP)

C'était l'ultime rendez-vous avant la conférence climat de Paris (COP21). Les 195 pays, réunis pendant cinq jours à Bonn (Allemagne) pour une quatrième et dernière session de négociations, ont approuvé vendredi 23 octobre le texte qui servira de base de travail en décembre.

Une "semaine critique, avait insisté le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, présent mardi sur place. Nous devons avancer d'ici à vendredi à Bonn pour avoir un succès à Paris." Malgré cet avertissement, la semaine s'est avérée plus chaotique que prévuRésumé de ces cinq jours en trois faits marquants.

Un brouillon qui passe de 20 à 55 pages en une semaine

L'objectif de cette nouvelle session de négociations était de se mettre d'accord sur un texte clair, court et cohérent pour débattre de façon plus efficace en décembre. Pour simplifier les débats, le pré-accord avait été transmis aux négociateurs, il y a près de trois semaines. Pourtant, les amendements ont été ajoutés le jour de l'ouverture de Bonn 4. Dans la nuit de lundi à mardi, le brouillon s'est étoffé, gonflant de 20 à 34 pages. 

Pour les observateurs, ces ajouts n'aident pas à rendre le texte plus clair. Selon Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace interrogé sur France Info, "les négociateurs sont totalement hors sol, déconnectés de ce qui se passe dans la vraie vie. Ils passent leur temps à discuter de virgules, de formulation, de poids de conjugaison". Pour les ONG, ils en oublient l'essentiel. Ainsi, certains mots n'apparaissent même pas dans le brouillon, comme le terme "énergie", réclamé par Réseau action climat. 

Au final, le pré-accord s'étale désormais sur... 55 pages (PDF, en anglais) ! Pour la version courte, on repassera. En outre, d'innombrables passages restent entre crochets, signe que les pays sont encore bien loin de s'être mis d'accord sur l'essentiel du texte. 

Le coup de gueule des pays du Sud sur les financements

Dès le début de la semaine, les négociateurs des pays les plus pauvres ont tapé du poing sur la table. La mouture du texte avait, en effet, été amputée de plusieurs propositions-clés, dont la garantie que les pays riches financent les politiques climatiques des nations les plus pauvres. Cette suppression a provoqué l'ire de ces dernières, qui ont accusé les plus riches de fuir leurs obligations malgré leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique.

Lundi, l'ambassadrice sud-africaine, Nozipho Mxakato-Diseko, a ainsi dénoncé un "apartheid". Elle a renchéri, jeudi, en martelant que "pour beaucoup de gens, le dérèglement climatique est une question de vie ou de mort", réveillant un peu l'ambiance feutrée des Nations unies, souligne RFI. Pour la présidente du G77 (qui regroupe 134 pays en développement, émergents et la Chine), "le succès ou non de Paris dépendra de ce qu'il y aura sur les financements dans le cœur de l'accord". Et sur cette question, la semaine de négociations à Bonn ne semble pas avoir été très efficace.  

Des ONG exclues des débats

Les observateurs de la société civile ont, eux, peu apprécié cette nouvelle session de négociations. Les deux co-présidents de la conférence de Bonn avaient, en effet, décidé que les discussions se tiendraient à huis clos, sans que les ONG prennent part aux groupes de travail. Une décision prise à la demande du Japon, pour qui "les vraies négociations n'ont jamais lieu devant le public", raconte une militante philippine sur le Huffington Post (en anglais).

Selon elle, les Etats-Unis et l'Union européenne ont soutenu cette exclusion, décidée lundi, tandis que le G77 a tenté de maintenir ces observateurs dans le débat. Les militants ont donc manifesté pour réclamer qu'on leur "rouvre la porte" et dénoncer l'absence de transparence des débats.

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