COP21 : un projet d'accord plus court, mais inabouti présenté au Bourget
Le texte fait désormais 29 pages et a été débarrassé de nombreux crochets. Mais "il reste du travail", souligne Laurent Fabius.
Sprint final au Bourget. Un projet d'accord a été soumis aux négociateurs des 195 pays, mercredi 9 décembre, à deux jours de la fin de la conférence climat de Paris. Les diplomates, experts et ministres n'ont désormais plus que 24 heures pour aboutir à un pacte mondial pour contrer le réchauffement inédit de la planète. En attendant, francetv info vous explique ce que contient cette nouvelle version du texte.
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Ce qui a changé depuis samedi
Comme pour le brouillon dévoilé samedi, le texte a évolué dans sa forme. C'est d'ailleurs ce qu'a salué en premier Laurent Fabius, le président de la COP21. La nouvelle version est beaucoup plus courte que la précédente. Le texte a ainsi été ramené de 43 à 29 pages. Surtout, les "trois quarts des points entre crochets", c'est-à-dire les phrases et expressions non résolues, ont été supprimés.
"C'est mieux, mais c'est encore trop", a lâché le chef de la diplomatie française. Au total, selon la Fondation Hulot qui a fait le décompte, il reste tout de même 320 crochets. Rappelons qu'il y en avait plus de 1 600 à l'ouverture des négociations de Paris, la semaine dernière.
Il reste "seulement" 320 crochets donc nb a bien été divisé par +de 2 depuis dernière version et + de 4 depuis début #COP21 @fondationhulot
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) December 9, 2015
"L'objectif est de nous permettre d'avoir une vision d'ensemble des progrès et de nous concentrer sur les questions politiques encore à régler", a indiqué Laurent Fabius. Mais il reste encore "pas mal de travail".
Ce qu'il reste à trancher
Car sur le fond, on avance peu. Comme l'a souligné Laurent Fabius, aucun compromis n'a été trouvé sur trois sujets clés de ces négociations : les financements, le "niveau d'ambition de l'accord" et la "différenciation" des efforts entre les pays restent en suspens.
Ainsi, rien n'est encore fixé concernant l'objectif de réchauffement. La référence à un seuil de 1,5 °C figure dans l'accord, tout comme les 2 °C. Une troisième option mixant les deux est aussi mentionnée.
Dans le texte présenté, encore 3 options pour le but: en dessous de 2°C, bien en dessous, ou en dessous de 1,5°C #COP21
— Adrien Gaboulaud (@adriengaboulaud) December 9, 2015
#COP21 #draft l'objectif 1,5°C ou 2°C pas tranché mais apparaît une option 2 qui permet de mixer les deux (article 2)
— Arnaud Gossement (@ArnaudGossement) December 9, 2015
Quelques nouveautés font toutefois leur apparition. Ainsi, le principe de révision des engagements des pays, qui aurait lieu tous les cinq ans, semble acté. Le terme "renouvelable" fait également son entrée dans le texte. Jusque-là, aucune phrase n'en faisait mention, au grand dam des observateurs de la société civile.
#COP21 l'inventaire des efforts de réduction et mesures d'adaptation tous les 5 ans (à partir de 2023/2024 art 10) paraît acquis
— Arnaud Gossement (@ArnaudGossement) December 9, 2015
Le mot #renewable fait son entrée dans le nouveau #draft d'accord #COP21, mais toujours pas de cap vers 100 % #EnR https://t.co/aKt3YBImiY
— Anne Bringault (@AnneBringault) December 9, 2015
Les ministres se préparent donc à une longue nuit de négociations. Il ne leur reste que 24 heures pour s'accorder sur un texte ambitieux, Laurent Fabius comptant toujours sur une adoption finale vendredi à 18 heures.
Ce qu'en pensent les ONG
Quelques minutes après la parution du nouveau texte, les observateurs ont communiqué leurs premières impressions, plutôt négatives. A la lecture du brouillon, la plupart craignent un accord au rabais. Ils déplorent le fait que de nombreuses options restent floues.
"Si le brouillon n'est pas amélioré, l'accord restera sans vie", tranche ainsi Célia Gautier du Réseau Action Climat, qui pointe le manque de moyens et de feuille de route dans le document.
Tous les compromis qui sont en train de se faire derrière des portes closes, sans sursaut ni éclat de voix, répondent encore à des intérêts nationaux de court terme. Aucun pays ne défend vraiment l'intérêt des populations, des plus vulnérables, des pays menacés.
Pour Jean-François Julliard de Greenpeace, "on est très loin du compte". Chez WWF France, on assure ne pas céder au pessimisme. N'empêche : le temps presse et tout reste à faire.
Peu après la publication du texte, les acteurs de la société civile ont donc tous convergé vers une des deux salles plénières du Bourget pour un sit-in pacifique. Objectif : pousser les Etats à s'accorder sur un texte à la hauteur des enjeux.
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