COP24 : "Je crains qu'il soit très difficile de respecter l'objectif de l'accord de Paris", déplore le climatologue Jean Jouzel
L'ancien vice-président du groupe scientifique du Giec Jean Jouzel a réagi sur franceinfo dimanche à l'accord trouvé à la COP24 sensé mettre en oeuvre l'accord de Paris.
"Je crains de plus en plus qu'il soit très difficile de respecter l'objectif de l'accord de Paris", estime dimanche 16 décembre sur franceinfo le climatologue Jean Jouzel. L'ancien vice-président du groupe scientifique du Giec a réagi après l'accord trouvé à la COP24 à Katowice en Pologne, qui a conforté l'accord de Paris mais sans en relever les objectifs.
franceinfo : La communauté internationale a conforté samedi l'accord de Paris, mais sans s'engager à faire plus. Est-il encore temps ?
Jean Jouzel : Je crains de plus en plus qu'il soit très difficile de respecter l'objectif de l'accord de Paris, y compris l'objectif haut, c'est-à-dire maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C. L'hypothèse de 1,5°C serait meilleure car le rapport du Giec a montré qu'un réchauffement à 2°C aurait des conséquences très importantes. Or, nous sommes plutôt partis vers un réchauffement de 3°C, si l'on respecte l'accord de Paris sans en relever l'ambition. Cela va être difficile pour les jeunes d'aujourd'hui, qui auront à faire, d'ici une cinquantaine d'années, à une dificulté d'adaptation au réchauffement climatique.
C'est donc un échec à Katowice ?
Un succès à souligner, quand même : celui de finaliser ce mode d'emploi, ce manuel d'application de l'accord de Paris. Certains pays voulaient modifier certaines des règles de l'accord de Paris vers le bas, et cela n'a pas été le cas. Donc, on peut considérer que c'est un succès. Il y a eu aussi des avancées sur les problèmes de financement. On n'attendait pas vraiment d'annonces sur la relevée de l'ambition. Malheureusement, la politique ne joue pas en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Il suffit de voir les Etats-Unis, la Russie, le Brésil, l'Australie aussi... On voit bien la difficulté d'aller de l'avant si on veut limiter les émissions de gaz à effet de serre de façon très importante.
A quoi servent ces COP si l'on n'avance pas ?
Elles sont indispensables parce que tous les pays sont affectés par le changement climatique, donc c'est important qu'ils se retrouvent. Ces émissions sont liées largement au G20, aux pays développés. Un mécanisme intéressant, qui pourrait marcher, serait que le G20 propose des objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
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