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Intempéries dans le Sud-Est : pourquoi de tels phénomènes risquent de se reproduire

Avec le réchauffement climatique, les scientifiques s'inquiètent de la multiplication des épisodes pluvieux dévastateurs.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Familles et voisins s'affairent pour nettoyer les jardins ravagés par les pluies torrentielles tombées le 3 octobre 2015, à Biot (Alpes-Maritimes). (MAXPPP)

Cannes a reçu l'équivalent de deux mois de pluie en l'espace de deux heures samedi 3 octobre. Ce chiffre fourni par l'Observatoire français des tornades et orages violents illustre bien la violence des intempéries survenues dans les Alpes-Maritimes, le week-end dernier. Si le phénomène a surpris par son ampleur, les habitants devraient toutefois se faire une raison. C'est ce qu'a laissé entendre Laurent Fabius, lundi 5 octobre sur Europe 1. Pour le ministre des Affaires étrangères, ce "drame épouvantable" risque de se reproduire "si on n'agit pas suffisamment vite" sur le climat. 

Le lien entre la violence de cet épisode méditerranéen et le réchauffement climatique a vite refait surface ces derniers jours. Mais, sur cette question, les scientifiques optent pour la prudence. Interrogé par 20 Minutes, le climatologue Jean Jouzel insiste sur la difficulté à attribuer "directement ce qui arrive actuellement au réchauffement climatique". La science climatique est exigeante. Pour valider cette responsabilité, il faudrait réussir à montrer qu'un tel épisode n'aurait jamais eu lieu sans les modifications du climat que l'on connaît. 

Des épisodes cévenols habituels

Première difficulté : les épisodes méditerranéens sont courants dans la région. Autrement dit, il y en a toujours eu. Ils se produisent au début de l'automne, quand la masse d'air chaud chargée d'humidité, qui s'est formée au-dessus de la mer, remonte vers le nord. Bloquée par les reliefs, comme les Alpes ou le Massif central, elle rencontre alors un air plus froid, occasionnant de violents orages aux précipitations intenses et difficiles à localiser. 

Pour le moment, "les archives météorologiques ne montrent pas de tendance à l'augmentation ou à la diminution de la fréquence ou de la violence de ces épisodes", souligne Libération"Peut-être que, dans deux ou trois ans, on pourra le faire", complète Jean Jouzel. "C'est comme pour la hausse des températures : l'impact de l'effet de serre et des activités humaines devient clair maintenant, mais il y a 20-30 ans, il l'était moins, alors qu'il existait également." Bref, tout cela prend du temps. 

Avec le réchauffement, des événements plus fréquents et plus intenses

Toutefois, ce qui semble se dessiner pour l'avenir climatique français devrait inquiéter les populations vivant sur les bords de la Méditerranée. Car, dans le futur, le lien avec le climat se fera soudain plus prégnant. D'ici 2050, les températures moyennes risquent en effet d'augmenter de 0,6 à 1,3 °C, précise le volume 4 du rapport Le Climat de la France au XXIe siècle (PDF).

Cette hausse des températures n'augure rien de bon, tout simplement parce que la mer Méditerranée va elle aussi se réchauffer, générant davantage de vapeur d'eau. C'est ce qu'explique Philippe Drobinski, directeur de recherche au CNRS, dans Le Monde

Les lois de la physique nous disent que ce type d'événements risque de devenir plus fréquent et plus intense dans un contexte de réchauffement climatique. De manière générale, l'atmosphère retient davantage de quantité de vapeur d’eau sous l'effet de la hausse de la température, ce qui entraîne plus de précipitations par la suite.

Philippe Drobinski

dans "Le Monde"

Les phénomènes comme les intempéries survenues dans les Alpes-Maritimes devraient donc se répéter dans la région et devenir plus violents encore. "Avec le réchauffement climatique, on s'attend à plus d'épisodes méditerranéens, en nombre et en intensité", prévient ainsi Véronique Ducros, la coordinatrice du programme de recherche HyMex sur les cycles de l'eau en Méditerranée, interrogée par l'AFP. Comme le mercure aura viré au rouge, ces pluies torrentielles tomberont sur des sols encore plus secs, qui ne parviendront pas à bien absorber l'eau. Et c'est sans compter l'urbanisation de ces secteurs, qui n'aidera pas à limiter le ruissellement. 

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