"Il a fallu faire le deuil" : un an après, les sinistrés de l'ouragan Irma se reconstruisent
Après le passage de l'ouragan Irma sur les Antilles et notamment l'île de Saint-Martin en septembre 2017, près de 2 700 sinistrés ont rejoint la métropole.
"Ces photos-là, il avait moins d'un an." Quatre photos rassemblées dans un cadre, au milieu du salon, c’est tout ce que Tatiana a emmené dans son sac lorsqu’elle a quitté l'île de Saint-Martin avec ses deux petits garçons sous le bras. Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2017, l’ouragan Irma a frappé les Antilles, ravageant notamment la petite île des Caraïbes qui aujourd'hui peine à se redresser.
Quand j'ai entendu que l'on évacuait des gens, je me suis dit : "Je pars avec eux.
Tatianaà franceinfo
Parmi les sinistrès, 2 700 ont rejoint l'Hexagone. Tatiana a plutôt pris cette décision pour protéger ses enfants : "On vit pour eux, alors j'ai fait le nécessaire." Entassés pendant plusieurs semaines dans des hôtels de la zone industrielle d’Orly, c’est par hasard que tous les trois débarquent à Angers. "Ça neigeait, ils ont vu la neige. Ils ont eu de la chance là", se rappelle Tatiana.
Pas de regrets d'avoir rejoint la métropole
Depuis quelques mois, elle suit une formation de secrétaire médicale. Installé dans un joli petit HLM en périphérie, Tatiana se sent bien ici : "J'ai plus ici qu'à Saint-Martin. J'ai ma télé, les tables, les lits, ma carte de Bus. À Saint-Martin, si tu n'as pas d'argent, tu restes à la maison." Pourtant, "il a fallu faire le deuil de la perte d'un emploi, de la perte de biens, d'une ville où ils étaient attachés, de familles également qu'ils ont laissés", explique Conception Mousseau-Fernandez, directrice régionale de France Horizon Pays-de-la-Loire, qui les a suivies tout au long de l'année.
Son île des Caraïbes Lundi Kwan y pense tous les jours, mais là-bas sa maison a été submergée par les eaux. Aujourd’hui assis sur son canapé, entouré de sa femme et de ses enfants, il se "sent bien à Angers, c'est sympa". À terme, il ne compte pas rester. L’ancien pêcheur de Saint Martin souhaite "acheter un bateau" et retourner à Saint-Martin. Mais avant de mettre ce projet en marche, il va "rester ici, pour [ses] enfants, pour qu’ils aillent à l’école et qu’ils parlent un bon français".
D’après France Horizon, sur les 87 sinistrés installés dans le Maine-et-Loire, une seule famille a choisi de rentrer à Saint Martin. "Ce n'est pas facile, nous on a cette chance de ne pas connaître ça : le déracinement, le deuil. Moi, je suis en admiration. C'est très claire je ne peux être qu'admirative de ce qu'ils ont fait", estime Conception Mousseau-Fernandez.
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