10 ans du Vélib': "C'est grâce à la modération de la circulation auto que la pratique du vélo est remontée"
Il y a 10 ans, le Velib' était lancé dans la capitale. Depuis, une quarantaine de villes ont adopté ce système. Pour Frédéric Héran, auteur de l'ouvrage Retour de la bicyclette, ce retour de la pratique du vélo dans l'Hexagone est attribuable à la "modération de la circulation automobile".
Le Vélib' fête aujourd'hui ses 10 ans. Le 15 juillet 2007, la mairie de Paris lançait ses premiers vélos en libre-service. 10 000 au lancement, leur nombre a doublé en dix ans pour 1 800 stations. Le Vélib' compte plus de 300 000 abonnés cette année et va changer de gestionnaire au 1er janvier 2018.
Mais le retour du vélo n'est pas exclusivement dû au vélo en libre-service mais plutôt "à la modération de la circulation automobile" selon Frédéric Héran, économiste et urbaniste, maître de conférences à l’Université de Lille 1, auteur de l'ouvrage Retour de la bicyclette aux éditions La Découverte.
franceinfo : Aujourd'hui, une quarantaine de villes françaises sont équipées du même système, est-ce que la France est redevenue un pays de vélos ?
Frédéric Héran : Oui, mais pas grâce au vélo en libre-service. C'est grâce à la modération de la circulation automobile que la pratique du vélo est remontée et elle est remontée bien avant l'arrivée des vélos en libre-service. Ça veut dire concrètement que baisser les vitesses et réduire la place consacrée à la voiture. À Paris, depuis 1990, le trafic automobile a diminué de 45%
La multiplication du vélo en libre-service n'a-t-elle pas incité tout de même les gens à se remettre au vélo ?
Les deux sont arrivés en même temps. Ça a boosté la pratique du vélo mais qui remontait déjà bien avant, et ça a également incité comme vous le dites les gens à se remettre au vélo, ça a donné une autre image au vélo, plus moderne. Et en même temps, il y a un certain nombre de cyclistes traditionnels, utilisant leur vélo classique, qui ont abandonné leur vélo classique pour se mettre au vélo en libre-service. Il y a eu les deux phénomènes. Les vélos en libre-service se sont inscrits dans un renouveau de la bicyclette qui est né bien avant.
Aujourd'hui, entre le vélo-loisir et le vélo comme moyen de transport pour aller au travail, quelle est la part de l'un et de l'autre dans les usages des Français ?
C'est difficile à dire. Il y a une certaine perméabilité entre les deux usages mais pas chez tout le monde, il y a des gens qui n'imaginent pas un seul instant faire du vélo en ville alors qu'ils se promènent tous les dimanches sur les routes. Et inversement, il y a des gens qui profitent de leur facilité d'usage du vélo pour faire du vélo sous toutes ses formes. [...] Les distances que nous faisons à vélo (entre la maison et le lieu de travail) ont tendance plutôt à augmenter. On le voit bien en tout cas dans les pays plus en avance que nous : on peut faire 50% de trajet en plus facilement et surtout le vélo à assistance électrique, qui fait un malheur et se vend comme des petits pains, va très certainement contribuer à allonger les distances, bientôt on ne pourra plus dire que le vélo est un mode de déplacement de proximité.
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