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Sept questions sur la vague de froid qui touche la France cette semaine

Les températures négatives se sont installées sur l'Hexagone pour plusieurs jours. L'épisode n'est pas exceptionnel, mais il faut tout de même remonter à 2012 pour retrouver des conditions comparables. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Un chasse-neige dans une rue de Corte, en Haute-Corse, le 17 janvier 2017. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Des températures négatives sévissent mercredi 18 janvier dans la quasi-totalité de la France métropolitaine, poussant gouvernement et associations à se mobiliser. L'air vif et sec venu de l'Est génère depuis mardi des températures de 5 à 10 °C en dessous des normales de saison, selon Météo France. La douceur ne devrait revenir que la semaine prochaine, selon l'organisme de prévision.

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Franceinfo revient sur sept questions que vous vous posez sur cet épisode de froid.

Avoir aussi froid en janvier, est-ce normal ?

Oui, rien de nouveau sous le soleil : janvier est le mois où les températures sont les plus basses dans l'Hexagone. Néanmoins, le froid est intense cette semaine. C’est simple, on n’avait pas connu une telle situation en France depuis cinq ans. Cet épisode est dû à une descente d’air froid en provenance d'Europe de l'Est. Les températures, qui ont commencé à chuter mardi 17 janvier, se situent entre 5 et 10 °C en dessous des normales saisonnières, selon Météo France. Dans le détail, ce mercredi matin, il a fait -4 °C à Toulouse, -7 °C dans le Massif central, -10 °C à Chamonix, -5 °C à Strasbourg ou encore -3 °C à Paris. Et en journée, le thermomètre a du mal à grimper au-dessus de 1 °C.

Si vous avez tendance à grelotter ces jours-ci, sachez que c’était pire en 2012. Cette année-là, l'épisode avait duré deux semaines en février, et on avait atteint -20 °C dans certaines régions. Rien à voir non plus avec les vagues historiques de janvier 1945, 1963 ou 1985. 

>> En savoir plus - Pic de froid : c'est moins pire qu'en 2012

-6 °C à Marseille, -9 °C à Brignoles... Est-ce que l'on bat des records ?

Les températures chutent, mais aucun record de froid n'est battu. Si on remonte loin dans le passé, on peut trouver des températures bien plus extrêmes. Comme en 1709, lors d'un épisode de froid où le thermomètre avait oscillé autour de -18 °C à Bordeaux pendant deux mois entiers, rappelle franceinfo. A l'époque, 10 000 personnes s'étaient même insurgées à Paris à cause du manque d'approvisionnement en pain.

Sans aller jusque-là, plusieurs épisodes de froid ont marqué la France dans notre histoire récente. En 1963, par exemple, les températures étaient descendues jusqu’à - 26 °C à Vichy, - 23 °C à Lyon et - 13 °C à Paris. Le record absolu de froid pour la ville de Lyon a été atteint en 1938 : -25 °C. Nous ne sommes pas non plus au niveau des températures de l'hiver 1954, quand l'abbé Pierre avait lancé son appel à la solidarité envers les sans-abri. Il faisait alors -12,9 °C à Paris, -20,8 °C à Saint-Etienne ou -8 °C à Marseille.

>> En savoir plus - CARTE. Les records de froid en France

Comment et pourquoi calculer la température ressentie ?

Les données fournies par Météo France sont dites "sous abris", c'est-à-dire qu'elles ne prennent pas en compte le vent. Depuis la fin des années 2000, les météorologues donnent également les températures "ressenties" dans leurs bulletins. Ces chiffres prennent en compte la perception physiologique de la température en fonction des conditions atmosphériques, rappelle Météo France. Il peut permettre aux personnes exposées au froid de se prémunir des risques de gelures ou d'hypothermie, rappelle France 3.

En cause, le refroidissement éolien, qui donne une sensation de froid plus vive quand le vent souffle. La température ressentie s'obtient à l'aide d'un calcul empirique. Par exemple, une température de -10 °C associée à un vent de 50 km/h correspond à une sensation de -22 °C. Un tableau disponible sur le site de Météo France permet d'effectuer rapidement l'estimation. 

>> En savoir plus - Vague de froid en Auvergne : les températures à la loupe

Quelles conséquences sur notre santé ?

Les conséquences peuvent être dramatiques pour les personnes qui restent à l'extérieur. Lorsqu’il fait froid, notre cœur se met à battre plus vite et notre fréquence respiratoire augmente. Ce sont des mécanismes naturels pour maintenir, coûte que coûte, notre température interne à 37 °C. Certaines parties du corps sont plus sensibles au froid. C’est le cas du nez, de la bouche, du cou, des mains et de la tête.

Avec le froid, la pression artérielle augmente également et les vaisseaux sanguins se rétractent. Cela peut conduire à un AVC, une crise cardiaque ou une embolie pulmonaire, rapporte Slate. Quand on inhale de l'air froid, cela a également tendance à refroidir les muqueuses. Nos défenses immunitaires sont fragilisées, donc moins armées pour lutter contre les infections. Le risque concerne surtout les sans-abri, qui, s'ils ne sont pas assez couverts, peuvent souffrir de gelures et d'hypothermie.

>> En savoir plus : VIDEO : Comment notre corps réagit au froid

Qu'est-il prévu pour les sans-abri ?

Migrants ou sans-abri, "il y aura de la place pour tout le monde", a promis, lundi, le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, sur Europe 1. "Nous avons fait en sorte que nous puissions offrir 3 400 places supplémentaires dont 1 400 à Paris", a pour sa part précisé le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, mardi soir lors d'une visite au Samu Social à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Pour faire face au pic de froid, le gouvernement a mis en place depuis samedi un "pilotage national quotidien" pour anticiper les besoins en places d'hébergement. Le plan grand froid, activé lorsque les températures nocturnes se situent entre -5 °C et -10 °C, a également été déclenché dans les préfectures concernées.

Le ministre de l'Intérieur a appelé les Français à contacter le 115, numéro destiné aux sans-abri. Mais selon la Fnars, fédération d'associations luttant contre la pauvreté, "moins d'une personne sur deux avait été prise en charge" en décembre par le Samu Social, qui gère le numéro. Ce à quoi le ministre à répondu qu'en cas de "moindre difficulté", il fallait "appeler le 15". Les centres sont surchargés : pour 5 000 appels reçus lundi, le centre d'Ivry-sur-Seine n'avait que 71 places disponibles mardi soir.

Les particuliers se mobilisent aussi. Le 115 du particulier permet de mettre en relation un bénévole offrant une place dans son domicile avec un demandeur. Lancé en 2012 lors de la précédente grande vague de froid par deux anciens SDF, ce réseau compte à ce jour 17 000 bénévoles.

>> En savoir plus - VIDEO : Mobilisation pour les sans-abris

La France va-t-elle manquer d'électricité et de gaz ?

"Il n'y aura pas de coupure d'électricité", a déclaré la ministre de l'Energie, Ségolène Royal, mercredi, à l'issue d'une réunion à l'Elysée sur la mise en œuvre du plan grand froid. Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE) a indiqué, mardi, qu'il pourrait être amené à déclencher des mesures exceptionnelles pour faire face à la surconsommation qu'implique une vague de froid. 

En France, un tiers des logements sont chauffés à l'électricité, une spécificité ancienne liée au développement du nucléaire et qui pèse sur la consommation de courant.



Le Sud-Est connaît en outre une situation "assez préoccupante" pour son approvisionnement en gaz, du fait du quasi-arrêt des livraisons de gaz depuis l'Algérie, a prévenu le gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTgaz.

>> En savoir plus - Comment la consommation électrique des Français change avec la baisse du thermomètre

L'inquiétude sur la capacité de la France à répondre à ce pic de consommation a grandi depuis qu'une vingtaine de réacteurs nucléaires ont été mis en maintenance. Six réacteurs nucléaires étaient indisponibles pendant cette semaine très hivernale, selon Ségolène Royal. "Aujourd'hui, avec les très bonnes conditions météorologiques, les énergies renouvelables, l'éolien et le solaire, vont produire l'équivalent de huit réacteurs nucléaires, huit gigawatts", a-t-elle avancé. La France fait habituellement fonctionner 58 réacteurs dans 19 centrales nucléaires.

>> En savoir plus - Pour éviter les coupures, RTE mise sur l'effacement

Comment ne pas faire exploser ses factures d'électricité ?

On nous répète souvent ces conseils : éteindre la lumière en quittant la pièce, baisser la température de son radiateur... Des messages de prévention délivrés lundi soir par le ministère de l'Environnement, comme le rappelle franceinfo.

La ministre Ségolène Royal y voit "l'occasion de construire une société zéro gaspillage". Laurent Romejko, qui présente Météo à la carte sur France 3, joue quant à lui sur le registre économique : "On peut expliquer par exemple que, si vous baissez de 1 °C la température dans la chambre et dans le salon, vous faites des économies."

>> En savoir plus - VIDEO. Les bons gestes pour consommer moins

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