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Reportage "Méga-bassines" : "Si ça continue encore comme ça, j'arrête", soupire un agriculteur, fatigué des tensions à Sainte-Soline

Les autorités attendent jusqu'à 10 000 manifestants ce samedi, dont un millier d'"ultras", à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres.
Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des manifestants contre les "méga-bassines" sur le site de Vanze, près de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le 24 mars 2023. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Week-end sous tension dans les Deux-Sèvres. Des voitures par dizaines traversent les routes de campagne, pour se rendre vers le camp de base, un champ prêté par un agriculteur, en dehors de la zone interdite par la préfecture. Plus de 3.000 forces de l'ordre mobilisées d'un côté, 1.500 "activistes violents" attendus de l'autre : la nouvelle manifestation contre les "méga-bassines", symbole des tensions autour de l'accès à l'eau, est placée sous haute sécurité samedi 25 mars, dans les Deux-Sèvres. Jusqu'à 10.000 personnes sont attendues autour de Sainte-Soline, où l'un de ces réservoirs dédiés à l'irrigation agricole est en construction, cinq mois après un précédent rassemblement émaillé d'affrontements. Le chantier, brièvement envahi par des manifestants fin octobre, est protégé par une double rangée de grillage de deux mètres de haut, et ses accès défendus par des barrages routiers. 

>> DIRECT. "Méga-bassines" : une manifestation est placée sous haute sécurité dans les Deux-Sèvres

A quelques kilomètres seulement du projet de bassine de Sainte-Soline, David, un agriculteur regarde ce cortège avec amertume : "Ça arrive encore. Vous le voyez là, devant vous. Malheureusement, on les laisse y aller. Moi, je vais vous dire : on n'irrigue pas pour le plaisir ! Le but premier, c'est de sauver nos cultures. Voilà, après ce qui arrive, on manifeste... Au bout d'un moment, si ça continue encore un an ou deux comme ça, j'arrête l'irrigation, ça, c'est sûr et certain", soupire-t-il.

David ne cache pas sa fatigue, après les tensions autour de ces bassines. Vendredi 24 mars, dans la soirée, il a vu les fumigènes à quelques centaines de mètres de sa maison. Des opposants radicaux ont forcé un grillage pour investir une voie ferrée. Des gendarmes - par dizaines - les ont repoussés.

"On va prendre nos responsabilités pour aller manifester, même si on est en zone interdite"

"Je ne sais pas s'ils y sont vraiment parce que je crois qu'en France, en ce moment, il se passe des trucs un peu toutes les nuits, ironise Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines Non Merci". Il va falloir que Darmanin fasse des arbitrages. Est-ce qu'il veut sauver l'Élysée ou sauver un cratère ?" Placé sous contrôle judiciaire vendredi, il ne peut plus se rendre à Sainte-Soline ou Mauzé-sur-le-Mignon, les deux points de rendez-vous du week-end. "Heureusement qu'il n'y a pas encore des projets de bassines dans toutes les communes. Donc je vais manifester et agir à fond", lance-t-il. 

Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines Non Merci", le 25 mars 2023. (WILLY MOREAU / FRANCEINFO)

>> "Les forces de l'ordre seront débordées" : dans les Deux-Sèvres, les manifestants contre les "méga-bassines" veulent remettre la pression

La préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubé, a interdit dans un large périmètre les rassemblements, les manifestations et la circulation par crainte des débordements. Mais qu'importe, pour Nicolas Giraud, porte-parole de la Confédération paysanne. "Parce qu'à un moment donné, le droit à manifester est constitutionnel. On ne peut pas accepter que, en amont d'une demande de manifestation, la préfète prenne tous les arrêtés possibles pour nous empêcher d'y aller, dénonce-t-il. Le sujet de l'eau, avec les sécheresses qui s'accumulent, est quelque chose qu'on ne peut pas oublier. Il faut faire que ce sujet continue à être au-dessus de la pile médiatique et politique. Donc oui, on va prendre nos responsabilités pour aller manifester, même si on est en zone interdite."

Les participants, ce week-end, risquent une amende de quatrième classe jusqu'à 750 euros et c'est dix fois plus pour les organisateurs, qui encourent aussi jusqu'à six mois de prison.

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