"Il y a eu une grande solidarité" : dans la vallée de la Roya, des travailleurs handicapés viennent en aide aux sinistrés de la tempête Alex
Plus de trois mois après le désastre, la vallée n'est accessible en voiture que trois fois par jour et le train n'a pas repris. Mais la solidarité envers les sinistrés, elle, n'a jamais cessé. Franceinfo s'est rendu à l'ESAT du Prieuré où gîte et couvert sont offerts aux familles qui ont tout perdu.
Un peu plus de 100 jours apres la tempête Alex, la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, s'est endue dans la vallée de la Roya vendredi 5 janvier. Les 2 et 3 octobre derniers, les trois vallées des Alpes Maritimes, Vésubie, Tinée et Roya, ont été totalement dévastées. La ministre a notamment visité l'ESAT Le Prieuré, un établissement de service et d’aide par le travail qui emploie 80 personnes handicapées au sein d’un hôtel restaurant. Cette équipe a joué un rôle primordial durant la tempête et encore aujourd’hui aupres des sinistrés.
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"Avec la tempête, c'était très dur. Les gens ont tout perdu, la maison, tout, raconte Muriel, salarié de l'ESAT Le Prieuré. Le midi et le soir, ils mangeaient ici, on est venus aider. Il y a eu une grande solidarité." Son sens de la solidarité, Muriel l’a exprimé aussi en laissant sa boutique et son atelier couture a disposition des pompiers qui y ont établi leur PC pendant les premières semaines qui ont suivi la catastrophe.
"On a pris sur nous et on y est allés"
Les frigos de l'ESAT ont servi à stocker la nourriture arrivée par hélicoptère et chaque jour le restaurant a servi des centaines de repas aux secouristes et aux sinistrés. Parmi les serveurs, il y avait Charles, un autre salarié du Prieuré : "Tous ces pompiers, ces bénévoles qui sont venus pour nous aider... Je me suis dit 'Soit je rentre chez moi, soit je rentre ici. J'ai décidé de rester ici parce que je me suis dit qu'il fallait les aider aussi. Ça a été très dur, on a eu tous nos problèmes plus ou moins graves. On a quand même pris sur nous et on y est allés."
Des sinistrés ont egalement trouvé refuge a l’hôtel de l'ESAT et certains y vivent encore. Patrice a vu les soubassements de sa maison rongés par la rivière depuis trois mois et demi. Il habite au Prieuré avec son père : "On ne peut plus y habiter dans la maison, c'est complètement foutu, elle peut s'écrouler d'un jour à l'autre et c'est pour ça qu'on nous a mis ici. On a toujours été là pour nous aider."
"Sans ces gens-là, je crois que tous ceux qui ont subi un sinistre, ils seraient actuellement dehors. C'est grâce à eux que l'on a pu vivre comme on devait vivre."
Patrice, sinistré accueilli par l'ESAT Le Prieuréà franceinfo
La vallée de la Roya est encore convalescente, accessible uniquement trois fois par jour en convoi de voitures qui emprunte des remblais improvisés jusque dans le lit de la rivière, là où la route a disparu. Le train ne circule toujours pas et cet enclavement commence a inquiéter Jérôme, un des salariés de l'ESAT. "On est toujours enclavés et on n'en peut plus. On ne sait pas combien de temps ça va durer. Il y a beaucoup de gens qui malheureusement quittent la vallée de la Roya, beaucoup de commerces qui ferment, cela ne devrait pas arriver normalement ces choses-là."
La centaine de salariés dont une majorité de personnes handicapées attendent avec impatience le désenclavement et le retour du train des Merveilles pour accueillir a nouveau les touristes quand les beaux jours reviendront.
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