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Ex-interprète pour l'armée française tué en Afghanistan : "Il savait qu'il allait mourir"

Qader Daoudzai a été tué dans une attaque suicide le 20 octobre, dans un bureau de vote alors qu'il se préparait à demander une nouvelle demande de visa pour quitter l'Afghanistan. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'un des derniers convois français en Afghanistan à Kaboul, le 7 mai 2013. (ARNAUD BEINAT / MAXPPP)

"Il savait qu'il allait mourir et qu'il laisserait ses enfants à sa femme", raconte le frère de l'ancien interprète ayant travaillé pour l’armée française, Qader Daoudzai, qui a été tué dans l'un des attentats qui ont meurtri le premier jour des élections législatives en Afghanistan samedi 20 octobre. La victime s'apprêtait à demander un visa pour la France, après un premier refus en 2015. Son frère Attal Daoudzai ajoute : "Il disait toujours : 'Si je ne vais pas en France, je vais mourir dans une attaque ou quelqu'un me tuera.''

>>À voir aussi : en Afghanistan, la détresse des traducteurs de l'armée française  

Attal Daoudzai indique avoir reçu un appel samedi dernier lui annonçant la mort de son frère Qader, dans un bureau de vote de Kaboul où un kamikaze venait de se faire exploser. "Quand je suis arrivé à l’hôpital, il y avait 13 corps. Un homme m’a accompagné dans une autre pièce. Là, j’ai vu son corps. Il était très, très abîmé", explique-t-il. Qader Daoudzai avait assuré le rôle d'interprète pour l’armée française à Tagab, dans la sud de la province de Kapisa, jusqu'au retrait des forces déployées par Paris en 2014.

Une demande de visa à nouveau formulée

Samedi dernier, l'ex-interprète était observateur du scrutin pour un candidat, explique son frère. "Il n’avait pas de travail. Il a fait ça pour l’argent, pour ses enfants et sa femme et il a perdu sa vie", confie Attal Daoudzai. Menacé par les talibans pour avoir travaillé pour l'armée française, Qader ne pouvait plus retourner dans son village et ne sortait plus de Kaboul. En 2015, il avait fait état de ces menaces dans sa demande de visa pour la France qui lui avait été refusée, comme pour 151 autres personnes faisant partie des personnels civils de recrutement local. Depuis quelques jours, Qader préparait son dossier pour une nouvelle demande de visa dans le cadre de la procédure dite de "relocalisation" récemment ouverte. 

Le 9 septembre dernier, plusieurs membres de l'Association des interprètes afghans de l'armée française s'était réunis près du ministère de la Défense pour réclamer des avancées dans les dossiers, avait relaté l'AFP.

La mort d'un ex-traducteur pour l'armée française à Kaboul - le reportage de Sonia Ghezali

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