: Témoignages Les femmes privées d'emplois en Afghanistan : "Nous sommes condamnées à rester chez nous"
Depuis la prise de pouvoir des talibans, il y a un an, les Afghanes sont évincées du monde du travail.
Avant la prise de pouvoir des talibans, Marzia, 50 ans, avait un bon poste dans un ministère, en Afghanistan. "J’avais un bon salaire. Je n’avais pas de problèmes financiers. Je pouvais offrir une bonne éducation à mes enfants. Et puis j’étais heureuse de faire ce travail. J’aimais ce que je faisais", explique celle qui a été remplacée par un collègue qu'elle supervisait, il y a un an.
Aujourd'hui, elle ne reçoit plus que 20 000 afghanis par mois, soit 220 euros au lieu de ses 1 310 euros de salaire mensuel, qui lui permettait de subvenir aux besoins de ses enfants et de son mari malade, alité depuis quatre ans. Toutes ses collègues femmes comme elle, se sont vus retirer leur travail. Par peur de représailles, Marzia témoigne sous couvert d’anonymat : "Je pense que les talibans n’ont pas changé. C’est un régime obscurantiste."
Des droits acquis en 20 ans désormais perdus
Comme elle, les femmes disparaissent peu à peu de l’espace public en Afghanistan, privées d’éducation, forcées de porter le voile intégrale, bannies de la politique et des médias. Le régime taliban a mis en place une version rigoriste de la charia islamique qui ne laisse aucune place à celles qui représentent plus de la moitié de la population.
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Reléguées au rang de "mineure sous tutelle d’un proche masculin", les femmes ont perdu l’ensemble de leurs droits acquis au cours de la République islamique d'Afghanistan, soutenue entre 2001 et 2021 par la communauté internationale."Quand les universités ont rouvert pour les filles on a eu de l’espoir. On s’est dit qu’ils allaient rouvrir les établissements secondaires", se désole Maliha.
"Cela fait un an et rien n’a changé. Il n’y a plus d’espoir. Les talibans sont les mêmes qu’il y a vingt ans."
Maliha, une jeune femme afghaneà franceinfo
Diplômée en droit, elle enseignait dans le secondaire mais les talibans ont fait fermer l’institut public dans lequel elle travaillait. À 30 ans, elle a repris des études dans la gestion d’entreprises. Mais pour elle, comme de nombreux afghanes, l’avenir est un immense trou noir. "Nous sommes condamnées à rester chez nous", lâche Maliha, résignée.
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