Cet article date de plus de trois ans.

17 octobre 1961 : "Le président de la République a fait un pas… insuffisant", selon le sénateur socialiste Rachid Temal

"Je crois que les gens ont besoin de savoir qui sont les morts et ce qu'il s'est réellement passé" a estimé ce samedi sur franceinfo, Rachid Temal, sénateur PS. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Rachid Temal, sénateur socialiste était l'invité de franceinfo, le 16 octobre 2021.  (FRANCEINFO)

"Le président de la République a fait un pas… insuffisant", a estimé ce samedi sur franceinfo le sénateur socialiste Rachid Temal, après la cérémonie officielle des 60 ans du massacre des Algériens du 17 octobre 1961, à Paris. "C'est un premier pas, à nous de construire les suivants, ajoute le sénateur, Quand on est responsable, il faut dire la vérité aux Français. Parce que dans le processus de reconstruction des personnes, dans ce qui est une nation, je crois que c'est important. "

franceinfo : Vous avez déposé une proposition de loi cette semaine pour que cette date du 17 octobre devienne une journée de commémoration nationale et pour demander une reconnaissance de la responsabilité de la France, deux points qui n'ont donc pas été retenues aujourd'hui. 

Rachid Temal : Le président de la République a fait un pas… insuffisant, je lui ai dit. Il y a un débat des mémoires. Je rappelle que 60 ans après, personne ne sait exactement ce qui s'est passé. Ce qui en dit long sur ce long silence, cette chape de plomb. Je crois que les gens ont besoin de savoir qui sont les morts et ce qu'il s'est réellement passé. Dans ce pas fait par le président de la République, il y a trois éléments. D'abord, il parle de crime. Deuxièmement, il cite un des acteurs, Maurice Papon. Et troisièmement, il dit finalement, on sort du mythe avec trois morts seulement. Je considère que ça ne va pas assez loin, mais c'est un premier pas. À nous de construire les suivants. Je crois que nous sommes un grand pays. Nous avons une belle histoire et parfois des pages un peu plus sombres. Et je crois que le rôle d'une grande nation comme la nôtre, c'est de dire ce qui a été positif et parfois ce qui a été un peu moins. Parce que dans le processus de reconstruction des personnes, dans ce qui est une nation, je crois que c'est important.

Est-ce une déception que la responsabilité personnelle de Maurice Papon soit la seule reconnue aujourd'hui ?

Maurice Papon aura quand même participé à deux moments extrêmement douloureux de notre histoire nationale, avec d'un côté la Shoah et de l'autre côté cette répression terrible des Algériens en 1961. Je rappelle que c'était une manifestation pacifique en plein cœur de Paris et qu'il y a eu des dizaines, des centaines, entre 120 et 250 morts selon les historiens.

Mais est-ce trop compliqué, à six mois d'une élection présidentielle, de dire qu'un gouvernement sous la présidence du général de Gaulle a pu être responsable de ces morts ?

C'est une question qu'il faut poser au président de la République ou à ses amis. Je suis dans l'opposition et je n'ai pas participé à la rédaction de ce communiqué de presse ni au choix des mots. Moi, j'aurais fait différemment puisque j'ai proposé une proposition loi qui dit autre chose. Je dis juste que quand on est responsable, il faut dire la vérité aux Français. Moi, je dis qu'il y a une avancée insuffisante et donc, à nous de construire la suite. Nous mènerons la bataille politique pour que la France soit au rendez-vous de son histoire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.