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Angola : José Eduardo dos Santos, l'ancien rebelle marxiste au "trop long" règne

L'ancien président angolais s'est éteint en Espagne le 8 juillet 2022.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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L'ancien président angolais José Eduardo dos Santos, le 3 février 2017 à Luanda, lors de la réunion ordinaire du comité central du parti au pouvoir, le Mouvement pour la libération de l'Angola (MPLA), après l'annonce de sa démission. 
 (AMPE ROGERIO / AFP)

Il aura dirigé l'Angola durant près de quatre décennies d'une main de fer, mais son empreinte n'a pas survécu à son départ du pouvoir en 2017. L'ancien président José Eduardo dos Santos est décédé le 8 juillet 2022, en fin de matinée, à l'âge de 79 ans en Espagne, a annoncé la présidence angolaise sur sa page Facebook. Il était hospitalisé dans une clinique, à Barcelone, depuis un arrêt cardiaque le 23 juin. Dans le communiqué, les autorités angolaises s'inclinent "avec le plus grand respect et la plus grande considération'" devant un homme d'Etat qui a gouverné avec "clairvoyance et humanisme" son pays "à des moments difficiles". Un deuil national de cinq jours, qui démarrera le 9 juillet à minuit, a été décrété. 

Le dauphin de Neto 

Né le 28 août 1942 d'une famille modeste, José Eduardo dos Santos a grandi dans le "barrio" (quartier de Sambizanga). Le bidonville de la capitale angolaise, Luanda, est alors le noyau de la lutte contre la puissance coloniale portugaise. Fils de maçon, José Eduardo dos Santos adhère en 1961 au Mouvement pour la libération de l'Angola (MPLA) mais ne fait qu'un bref passage dans la lutte armée. Deux ans plus tard, il obtient une bourse pour étudier en Azerbaïdjan où il décroche un diplôme d'ingénieur et y épouse une Soviétique,Tatiana Kukanova, la mère de sa fille Isabel. Dans les années 1970, il poursuit son ascension politique en intégrant le Comité central du MPLA. Dauphin du premier président angolais Agostinho Neto, il devient son chef de la diplomatie à l'indépendance en 1975. A sa mort en 1979, il est investi chef de l'Etat par le parti, dont il prend la présidence.

Lorsque José Eduardo dos Santos arrive au pouvoir, l'Angola connaît depuis quatre ans les affres de la guerre civile, après son indépendance du Portugal. Une longue et difficile guerre - quelque 500 000 morts en 27 ans - qu'il mène, avec le soutien de l'Union soviétique (URSS) et de Cuba, contre l'Unita de Jonas Savimbi, appuyé par le régime d'apartheid sud-africain et les Etats-Unis. Point chaud de la Guerre froide jusqu'au début des années 90, la guerre civile ne s'achève formellement qu'en 2002, après la mort de Savimbi. "Il a dirigé le processus qui a abouti à la signature des accords de paix, le 4 avril 2002", rappelle l'agence de presse angolaise, Angop.

Vissé dans le fauteuil présidentiel 

Au fil des ans, il maintient un contrôle total sur le MPLA. Ce qui lui vaut d'être constamment reconduit à la tête du pays dont il dirige gouvernement, armée, police et juges. Sous son règne, les médias sont verrouillés et les rares flambées de contestation populaire matées. Il demeure ainsi au pouvoir au gré des scrutins et des changements de Constitution, sans jamais être directement élu.

En 1992, la présidentielle est annulée entre les deux tours après des accusations de fraude de son rival Jonas Savimbi. Une autre élection prévue en 2008 n'aura jamais lieu et la Constitution de 2010 lui permet d'être reconduit deux ans plus tard comme chef du MPLA, vainqueur des législatives. La police réprime toute tentative de manifestation de masse. Ses adversaires politiques crient à la "dictature", lui s'en défend. "Nous sommes un pays démocratique. Nous avons plusieurs partis", souligne-t-il en 2013 dans un rare entretien à la presse. Cette année-là, il confie également à une télévision brésilienne sa lassitude du pouvoir en qualifiant son règne de "trop long". En décembre 2016, alors que la rumeur le dit atteint d'un cancer, il annonce son retrait. Il laisse comme promis sa place, quelques mois plus tard, à son dauphin Joao Lourenço. José Eduardo dos Santos transmettait ainsi le pouvoir comme il l'avait reçu.    

Biens mal acquis

Sur le plan économique, l'ancien rebelle marxiste avait fait de l'Angola le premier producteur d'or noir d'Afrique, au coude à coude avec le Nigeria, mais au seul bénéfice d'une infime partie de la population. Notamment de sa famille tandis que son pays restait l'un des plus pauvres de la planète. Sa fille Isabel, surnommée la "princesse" et bombardée en 2016 à la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, est désormais traquée par les juges et fait face à une kyrielle d'enquêtes pour corruption.

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