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"On est devenu un peuple mou car on craint la répression militaire" : le Congo-Brazzaville à l'heure de la présidentielle

Le président sortant du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso, candidat à un nouveau mandat, est le favori de l'élection.

Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des supporters du président sortant Denis Sassou-Nguesso, le 19 mars 2021 à Brazzaville (Congo-Brazzaville).  (ALEXIS HUGUET / AFP)

Après 36 ans à la tête du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, 77 ans, est à nouveau favori de l'élection présidentielle du dimanche 21 mars. Face au chef d'Etat, accusé par plusieurs ONG d'avoir détourné avec ses proches des millions de dollars, se présentent six candidats mais aucun leader d'opposition.

"Lorsqu'on parle du Congo, on peut parler d'un État autoritaire", assure Abdoulaye Diarra, chercheur spécialiste de l'Afrique centrale. Selon lui, les atteintes aux droits de l'Homme sont régulières dans le pays, tout comme les arrestations arbitraires des opposants politiques. "Il faut se rappeler que des candidats de l'élection présidentielle de 2016 ont depuis été détenus en prison, notamment Jean-Marie Michel Mokoko, condamné en 2018 pour atteinte à la sûreté de l'Etat, une détention qui avait d'ailleurs été qualifiée d'arbitraire par l'ONU", indique Abdoulaye Diarra.

Faux, répond Frank Tapiro, l'un des communicants et responsables de la campagne du président Sassou-Nguesso. "Le président est formidable, ce n'est pas du tout un dictateur. Venez ici, vous allez voir. Arrêtez d'écouter cette espèce de parole néo-coloniale, et je dirais même raciste, qui tend à dire que dès qu'on est un ancien militaire et depuis plus de 30 ans au pouvoir, on est forcément un dictateur, ce n'est pas sérieux", clame-t-il.

Un "empereur" au sommet de sa domination

Surnommé "l'empereur", le président sortant a misé sur une campagne tournée vers la jeunesse et la transmission pour garder une nouvelle fois le pouvoir, même si certains estiment que c'est avant tout par la force qu'il y parvient. "On est devenu un peuple mou car on craint la répression militaire", analyse le politologue congolais Georges Nguila. "On continue de l'appeler 'empereur' mais cela a été tourné en dérision parce qu'il est parvenu au fait de sa gloire, de sa domination du microcosme politique congolais et donc pour lui, le pouvoir doit être d'abord une domination et non pas la capacité à résoudre les problèmes de la société", analyse le politologue.

La domination de Denis Sassou-Nguesso est aussi financière avec des moyens considérables comparés à ceux de ses adversaires de la présidentielle.

Le Congo-Brazzaville à l'heure de la présidentielle - Reportage de Nathanaël Charbonnier

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