Egypte, Turquie, Tunisie : les destinations touristiques plombées par l'Etat islamique
Le crash d'un avion russe dans le Sinaï, samedi, revendiqué par un groupe jihadiste affilié à l'Etat islamique, pourrait affaiblir plus encore l'industrie touristique égyptienne.
Le Royaume-Uni a annoncé, jeudi 5 novembre, des mesures "d'urgence" afin de rapatrier les touristes britanniques présents à Charm el-Cheikh, après le crash d'un avion russe en Egypte samedi. Après cette catastrophe, revendiquée par un groupe jihadiste affilié à l'Etat islamique (EI), plusieurs pays ont mis en garde leurs ressortissants contre des voyages dans la péninsule du Sinaï. Une mesure qui risque de fragiliser encore plus l'industrie du tourisme dans le pays.
Francetv info fait le point sur trois destinations, habituellement prisées, qui sont désormais désertées par les touristes à cause de la menace de l'EI.
L'Egypte
La piste d'un engin explosif semble "hautement probable", estiment la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, après le crash d'un avion russe dans le Sinaï. Si les autres hypothèses ne sont, pour l'instant, pas écartées par les enquêteurs, un groupe jihadiste affilié à l'EI a assuré avoir détruit l'appareil.
Cette revendication a déjà entraîné de graves répercussions sur le tourisme en Egypte. La compagnie aérienne Lufthansa a décidé de cesser ses vols à destination de Charm el-Cheikh. Londres a, en outre, suspendu les vols entre la station balnéaire et le Royaume-Uni, mercredi 4 novembre, et organise depuis vendredi le rapatriement "en urgence" de ses ressortissants.
"Les déplacements [dans la région côtière de Charm el-Cheikh et de Taba] sont déconseillés sauf raison impérative, notamment professionnelle", conseille de son côté le Quai d'Orsay aux ressortissants français. Une recommandation similaire à été adressée aux touristes belges par Bruxelles.
Un nouveau coup dur pour l'industrie du tourisme égyptienne, en crise depuis la révolution de 2011. Le nombre de visiteurs est ainsi passé de 15 millions, en 2010, à 9,9 millions l'année dernière, selon L'Express. "Le tourisme en Egypte mourra tout simplement s'il s'avère que le crash a été provoqué par une attaque terroriste", estime un tour-opérateur de Hurghada, cité par l'hebdomadaire.
La Turquie
Affrontements avec les rebelles kurdes, instabilité politique, heurts lors de manifestations... La Turquie connaît un regain de violences depuis les élections législatives de juin. Une situation tendue qui ne rassure pas les touristes.
Les revenus générés par l'industrie du tourisme ont ainsi chuté de 4,4% durant le troisième trimestre de l'année par rapport à l'année précédente, selon l'Agence statistique turque. Et la situation devrait s'aggraver après le double attentat revendiqué par le groupe Etat islamique, qui a fait une centaine de morts et plus de 500 blessés à Ankara, samedi 10 octobre.
"Le risque pour la sécurité reste très important et cela continuera de peser sur l'afflux de touristes venus de l'Union européenne et d'autres nations occidentales, estime un analyste financier anglais, interrogé par l'International Business Times (en anglais). Le double attentat d'Ankara a souligné la vulnérabilité de la Turquie au terrorisme islamiste."
"Il est vivement conseillé aux Français se rendant ou séjournant en Turquie de faire preuve de prudence dans leurs déplacements et de se tenir à l’écart des postes de police et de gendarmerie ainsi que des bâtiments officiels qui constituent des cibles privilégiées, met ainsi en garde le ministère des Affaires étrangères. Les abords immédiats des frontières avec la Syrie et l’Irak ainsi que tout le département du Hatay sont formellement déconseillés."
La Tunisie
De nombreux touristes étrangers ont annulé leurs réservations en Tunisie cet été. L'attentat du musée du Bardo, qui a fait 22 morts à Tunis le 18 mars, avait déjà fragilisé ce secteur. L'attaque dans laquelle 38 personnes ont perdu la vie sur une plage de Sousse, le 26 juin, a renforcé cette tendance.
Le Syndicat des agences de voyages (Snav) a ainsi enregistré 80% de désistements dans les jours qui ont suivi l'attaque à Sousse, selon Atlantico. Quelque 25 à 50% des réservations gérées par le Syndicat des tours-opérators (Seto) ont fait l'objet d'un changement de destination sur la même période.
Les voyagistes Thomas Cook, Thomson et First Choice ont annulé tous leurs séjours jusqu'au printemps prochain, ajoute le Parisien. Au total, la Tunisie devrait connaître une baisse de 30 à 40% du nombre de visites cette année, par rapport à 2014, calcule le quotidien.
Les autorités françaises ne déconseillent toutefois pas à leurs ressortissants de se rendre dans le pays. Seule exception, le désert à la frontière avec l'Algérie et la Libye. "Compte tenu du risque terroriste régional lié aux menaces persistantes émanant des réseaux terroristes djihadistes, (...) les ressortissants français résidant ou désirant se rendre en Tunisie, sont appelés à faire preuve de vigilance renforcée et à se conformer aux consignes de sécurité", rappelle néanmoins le ministère des Affaires étrangères.
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