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La Côte d'Ivoire devient le quatrième producteur mondial de latex

Bien que récente, la filière caoutchouc en Côte d'Ivoire se porte bien. Il faut désormais développer la transformation sur place.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
A Sikensi, au nord d'Abidjan, on forme au métier de saigneur d'hévéa. Un travail méticuleux qui permet de récupérer le latex de l'arbre. (ISSOUF SANOGO / AFP)

La filière caoutchouc de Côte d'Ivoire se porte bien. Déjà premier producteur d'Afrique, le pays s'est désormais hissé au 4e rang mondial. En 2020, la production de latex a atteint 950 000 tonnes, en hausse de 21% par rapport à l'année précédente. La bonne santé de la filière se confirme après deux années 2018 et 2019 déjà très positives avec 25% de hausse. "La Côte d'Ivoire, petit pays producteur de caoutchouc naturel il y a une décennie, est en train de prendre sa place au sein des grands producteurs mondiaux", a déclaré à l'AFP Eugène Krémien, président de l'Association des professionnels du caoutchouc naturel (Apromac).

Jusqu'en 2009, la production était marginale, jusqu'au lancement d'un ambitieux plan de développement de la filière d'un montant de quarante millions d'euros sur neuf ans. Il a fallu planter 110 000 hectares d'hévéas, ouvrir de nouvelles pistes pour les atteindre et surtout former aux métiers de la filière, en particulier celui de "saigneur". Un travail très méticuleux et essentiel, qui consiste à entailler l'arbre afin que coule le latex.

Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire compte 160 000 producteurs qui exploitent 600 000 hectares de plantations. Les premières années du plan ont été euphoriques, portées par des cours mondiaux du latex très élevés. D'autant que l'hévéa produit dix mois sur douze. A cinq dollars le kilo, beaucoup abandonnent alors le cacao pour se tourner vers le latex.

Mais les planteurs, en Côte d'Ivoire comme ailleurs, ont vite déchanté. Des milliers d'hectares de plantations sont arrivés à maturité, notamment en Malaisie. La production mondiale est alors passée de neuf millions de tonnes en 2014 à treize millions en 2017, alors que la demande n'a pas suivi. Conséquence : les cours ont été divisés par cinq.

L'usine de la Compagnie ivoirienne d'Hévéa réalise une première transformation du latex en granulés. Transformer le latex en produits finis est la solution pour éviter la fluctuation des cours. (SIA KAMBOU / AFP)

Autant dire que la course au volume n'est pas une fin en soi. Le marché du latex est très volatile, tiré notamment par la demande en pneumatiques pour l'automobile. Lorsque celle ci s'enrhume, toute la filière en subit les conséquences. Ainsi, les exportations ivoiriennes se sont réorientées de l’Europe vers l’Asie. "60% à 80% de notre caoutchouc va désormais en Asie", explique Eugène Krémien à l'AFP. "Les majors du secteur (Michelin, Continental, Goodyear et Bridgestone) ont refusé de prendre nos commandes, c'est la Chine qui nous a tout acheté."

Un constat qui pousse la filière du latex ivoirien à se chercher un nouveau modèle de développement. Et celui-ci passe, dans ce secteur aussi, par le développement local d'une industrie de transformation, afin d'être moins dépendant du marché mondial. Une évolution timide pour l'heure, mais essentielle.

Si le pneu 100% ivoirien relève de l'utopie au regard de l'investissement nécessaire, le marché du gant en latex pourrait être une opportunité. Mais ici aussi la concurrence est rude. Le sud-est asiatique, leader du caoutchouc naturel, l'est aussi dans le secteur des gants en latex. En 2019, la Thaïlande, troisième fabricant au monde, en a produit 20 milliards et exporté l'essentiel. Un pactole de plus d'un milliard de dollars dont la Côte d'Ivoire aimerait bien croquer un bout.

Faute d'un investissement massif dans la transformation du latex, le pays se cantonnera dans une économie de rente, aux bénéfices très aléatoires et sujets aux aléas mondiaux.

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