Egypte : sept à dix ans de prison pour des journalistes d'Al-Jazeera
Arrêtés le 29 décembre dans une chambre d'hôtel du Caire, ils travaillaient sans l'accréditation obligatoire pour tous les médias.
Un tribunal égyptien a condamné, lundi 23 juin, trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera à des peines de sept à dix ans de prison. Ils étaient accusés de soutenir les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, cibles d'une implacable et sanglante répression.
L'Egypto-Canadien Mohamed Fadel Fahmy, chef du bureau d'Al-Jazeera avant que la chaîne ne soit interdite en Egypte, et son confrère australien Peter Greste ont été condamnés à sept ans de prison. L'Egyptien Baher Mohamed a écopé de la même peine assortie d'une seconde peine de trois ans, portant à dix le nombre d'années qu'il devra passer en prison. Tous trois étaient détenus depuis près de 160 jours.
"Nous dénonçons (...) ce genre de jugements injustes", a déclaré lundi le directeur général par intérim du réseau Al-Jazeera, Mustafa Sawaq, qui s'est dit "choqué" par les lourdes peines prononcées contre ses journalistes. Il s'est dit "surpris" par le verdict car les preuves présentées par le parquet "ne peuvent justifier un seul jour de prison", ajoutant qu'"il semble que le tribunal n'a pas examiné sérieusement les arguments [des avocats] de la défense".
Accusés d'avoir diffusé "de fausses nouvelles"
Dans cette affaire, qui a provoqué un tollé international, 11 autres accusés jugés par contumace - dont trois journalistes étrangers, deux Britanniques et une Néerlandaise - ont été condamnés à dix ans de prison. Parmi les neuf accusés détenus, outre les trois journalistes, quatre ont été condamnés à sept ans de prison et deux acquittés.
Au total, 16 Egyptiens étaient accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" - les Frères musulmans - et d'avoir cherché à "nuire à l'image de l'Egypte". Quatre étrangers étaient accusés, eux, d'avoir diffusé "de fausses nouvelles" en vue de soutenir la confrérie.
Répression des pro-Morsi
Ce verdict intervient sur fond de sanglante répression des pro-Morsi et deux semaines après l'élection à la présidence d'Abdel Fattah Al-Sissi, avec 96,9% des suffrages. Ce maréchal à la retraite dirigeait déjà de facto le pays depuis qu'il avait destitué et fait arrêter Mohamed Morsi le 3 juillet 2013.
Alors qu'ils couvraient ces événements, Peter Greste et Mohamed Fadel Fahmy avaient été arrêtés le 29 décembre dans une chambre d'hôtel du Caire transformée en bureau après une descente de police dans les locaux d'Al-Jazeera. Les journalistes travaillaient sans l'accréditation obligatoire.
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