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Ethiopie : Addis Abeba, une capitale sans moto

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie interdit le 7 juillet 2019 l'usage des motos dans sa capitale, Addis Abeba. Une mesure qui vise à enrayer une criminalité croissante. 

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Un embouteillage dans une rue congestionnée d'Addis Abeba (la capitale), en Ethiopie, le 31 décembre 2007.  (JOSE CENDON / AFP)

C'est une nouvelle de poids pour les habitants d'Addis Abeba. Le 19 juin dernier, le maire de la capitale, M. Takele Uma, avait annoncé à la presse locale sa décision d'interdire aux motos de circuler dans la ville, dans le but de limiter le développement de la petite criminalité dans la capitale. L'interdiction, qui entre en vigueur le 7 juillet 2019, ne concerne cependant pas tous les habitants, une exception étant faite pour "des motos utilisées par des entreprises, des ambassades ou pour le transport de courrier".

Enrayer la hausse de la criminalité

Mégapole de quelque 5 millions d'habitants, Addis Abeba était jusqu'à récemment réputée comme sûre, aussi bien par les Ethiopiens, que par les étrangers. Et la violence de rue, courante dans de nombreuses capitales de pays pauvres, y demeure relativement faible, avec un taux de criminalité plus bas que presque partout ailleurs en Afrique. Une récente enquête met pourtant en avant une augmentation de la petite criminalité dans la capitale, alarmant sa population et les responsables politiques.

L'étude, menée à Addis Abeba durant une semaine, révèle "qu'un nombre significatif d'activités criminelles commises dans la ville le sont à l'aide de motos, notamment des vols à l'arraché ou des braquages". Face à ce constat, le maire a opté pour la radicalité et interdit toutes les motos dans la ville. 

Deux Ethiopiens en moto à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, le 5 janvier 2017.  (MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

L'augmentation de la petite criminalité sur le territoire éthiopien est également ressentie par les touristes et les locaux : les témoignages de vols de sacs, ordinateurs et smartphones sont de plus en plus fréquents sur les réseaux sociaux. 

"La méthode est presque toujours la même : deux voyous assis sur une moto s'approchent rapidement d'une victime sans méfiance au bord de la route. La personne assise sur le siège arrière s'empare alors de ce qu'il peut, habituellement quelque chose qui est tenu dans les mains de la victime au moment de l'attaque", raconte ainsi l'Ethiopien Mark T. Aga, sur son blog d'information Allaboutethio.

La moto, solution des routes de plus en plus congestionnées

L'explosion du trafic sur les routes d'Addis Abeba est devenue un problème de taille ces dernières années et provoque la congestion de nombreuses rues de la capitale. A tel point que de plus en plus d'habitants choisissent de se déplacer en deux-roues plutôt que prendre les transports publics. Et l'utilisation de la motocyclette, moins chère et plus maniable que la voiture, s'était imposée comme la solution idéale. 

Le maire a également annoncé l'interdiction de circulation dans la journée pour la plupart des véhicules de livraison, dans un soucis de fluidifier le trafic.  

Lutter contre le transport des armes

L'interdiction de la moto dans la capitale intervient alors que le Premier ministre éthiopien mène depuis un an une politique de lutte contre la corruption, qui gangrène le pays depuis des décennies.

Beaucoup d'habitants utilisent des motos issues de la contrebande, originaires de villes frontalières du Kenya. Elles ne sont alors ni taxées, ni enregistrées dans la base de données des autorités de transport et peuvent servir à transporter des choses illicites. La mesure prise par le maire pourrait ainsi aider, dans ce cadre, à lutter contre le transport d'armes. 

L'Ethiopie connaît ces dernières semaines une atmosphère tendue, après la série d'assassinats politiques qui a endeuillé le pays le 24 juin dernier. 

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