Un journaliste français incarcéré en Ethiopie et accusé de vouloir "créer le chaos"

L'employeur d'Antoine Galindo, la publication spécialisée Africa Intelligence, dénonce des "accusations fallacieuses" qui "ne se basent sur aucun élément tangible". Il appelle à la "libération immédiate" du journaliste.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des policiers fédéraux montent la garde sur la place Meskel, le 29 avril 2022, à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. (AMANUEL SILESHI / AFP)

Un journaliste français, Antoine Galindo, est incarcéré en Ethiopie depuis son arrestation le 22 février. Les autorités l'accusent de "conspirer en vue de créer le chaos" dans le pays, a annoncé lundi 26 février, dans un communiqué, son employeur, la publication spécialisée Africa Intelligence. Le journaliste a été déféré samedi devant un juge qui a prolongé sa détention jusqu'au 1er mars. Le média dénonce des "accusations fallacieuses" qui "ne se basent sur aucun élément tangible" et appelle à la "libération immédiate" de son journaliste.

Sollicitées par l'AFP au sujet de cette arrestation, les autorités éthiopiennes n'ont pas répondu dans l'immédiat. Antoine Galindo, 36 ans, chef de la rubrique Afrique de l'Est, était arrivé en Ethiopie le 13 février pour couvrir notamment le sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, siège de l'organisation panafricaine. "Journaliste connu de l'Ethiopian Media Authority", l'organe de supervision des médias en Ethiopie, il "disposait d'un visa l'autorisant à exercer son activité de journaliste", souligne Africa Intelligence, qui fustige une "arrestation injustifiée" constituant "une grave atteinte à la liberté de la presse".

"Contexte épouvantable pour la presse"

Antoine Galindo a résidé en Ethiopie entre 2013 et 2017, quatre années durant lesquelles il était le correspondant de plusieurs médias internationaux. Le Comité de protection des journalistes a dénoncé "une arrestation injuste" qui "éclaire le contexte épouvantable pour la presse en général en Ethiopie", que l'ONG décrit comme le "deuxième pire geôlier de journalistes en Afrique subsaharienne". Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (120 millions d'habitants) et mosaïque de quelque 80 communautés ethno-linguistiques, l'Ethiopie est minée par plusieurs conflits locaux, particulièrement dans les deux Etats régionaux les plus peuplés, l'Oromia et l'Amhara.

Après s'être largement améliorée à l'arrivée au pouvoir de l'actuel Premier ministre Abiy Ahmed en 2018, la situation des libertés d'expression et de la presse en Ethiopie se sont à nouveau profondément dégradées depuis 2020 et le début de deux ans de guerre contre les autorités dissidentes de l'Etat régional du Tigré. L'Ethiopie a incarcéré plusieurs journalistes éthiopiens et expulsé plusieurs journalistes étrangers depuis 2020, mais l'emprisonnement d'un journaliste étranger est une première depuis plus de trois ans.

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