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La situation au Burundi expliquée en quatre actes

Un général burundais dit avoir destitué le président, au pouvoir depuis 2005. Le paroxysme d'une crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. 

Article rédigé par Gaël Cogné
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestants à Bujumbura, au Burundi, le 13 mai 2015. (LANDRY NSHIMIYE / AFP)

Des semaines que le Burundi est ensanglanté par des manifestations violentes. Mais d'un seul coup, l'histoire s'accélère. Mercredi 13 mai, un général a annoncé avoir destitué le président, Pierre Nkurunziza. Resté sourd aux cris de la rue à Bujumbura, ce dernier a déposé sa candidature pour un troisième mandat, s'obstinant à vouloir tenir des élections.

Le Burundi est-il en train de vivre un coup d'Etat ? Francetv info vous explique la crise politique qui secoue le pays en quatre actes.

Acte 1 : le président Nkurunziza se positionne pour un troisième mandat

A l'origine de la crise : la volonté du président en exercice de se présenter pour un troisième mandat présidentiel. Manifestants, opposition et société civile, qui s'y opposent à partir de fin avril, font valoir que ce serait inconstitutionnel et contraire aux accords d'Arusha, accords qui ont permis de mettre fin à la très longue guerre civile au Burundi entre Hutus et Tutsis (1993-2006).

La Cour constitutionnelle du pays valide la nouvelle candidature de Nkurunziza, mais le vice-président de la Cour fuit le pays, dénonçant des "pressions".

Acte 2 : la contestation est vive, des morts dans la rue

Loin des débats juridiques, la contestation est vive dans la rue. Plus de 20 personnes sont tuées, essentiellement à Bujumbura, la capitale, depuis le début des manifestations, le 26 avril. Des opposants sont arrêtés et des radios fermées.

Quelques jours avant que le président Nkurunziza dépose officiellement sa candidature, le 8 mai, le gouvernement tente de calmer le jeu en proposant de libérer les manifestants arrêtés et de suspendre les mandats d'arrêt contre des personnalités de la société civile. En échange, les autorités réclament la fin des manifestations.

Les manifestants observent une trêve de 48 heures, mais les protestations repartent ensuite de plus belle tandis que les forces de sécurité durcissent le ton et exigent l'arrêt complet des manifestations.

Acte 3 : la communauté internationale appelle le président à la raison

La situation bloquée, la communauté internationale tente de rappeler les autorités à la raison. Les chefs d'Etat de la communauté est-africaine se réunissent en Tanzanie. Le président du puissant Rwanda, Paul Kagame, enjoint fermement à son homologue burundais de partir. L'Union européenne, la Suisse et les Etats-Unis demandent un report des élections. La Belgique, ancienne puissance coloniale, et les Pays-Bas annoncent qu'ils suspendent leur aide pour l'organisation des élections. L'Union africaine, fait rare, se positionne contre ce troisième mandat qui menace la paix.

Acte 4 : un général profite de l'absence du président pour tenter un coup d'Etat

Pierre Nkurunziza parti en Tanzanie pour un sommet avec les chefs d'Etat de la sous-région, un général, ancien chef du service de renseignements burundais, en profite pour annoncer sa destitution, mercredi. La présidence burundaise réplique immédiatement sur Twitter que la "tentative de coup d'Etat a échoué" et que "la situation est maîtrisée".

Des manifestants se rassemblent pacifiquement devant les locaux de radio-télévision nationale à Bujumbura. Là, des soldats fidèles au président tirent en l'air pour tenter de les disperser. Selon un journaliste du Monde, des militaires fraternisent finalement avec les manifestants tandis que des policiers, honnis des manifestants, quittent le centre-ville.

Le président burundais peut-il reprendre la main ? Mercredi, en milieu d'après-midi, il serait toujours à Dar-es-Salaam, en Tanzanie.

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