Une facture de 2,7 millions d'euros pour le jihadiste condamné pour la destruction des mausolées de Tombouctou
La Cour pénale internationale a évalué jeudi la destruction des mausolées de Tombouctou. Le montant des réparations, une première, vise le jidahiste condamné en septembre dernier pour des attaques menées au Mali en 2012.
Le jihadiste malien, Ahmad al Mahdi devra verser 2,7 millions d'euros de réparations aux victimes de la destruction des mausolées de Tombouctou au Mali en 2012. La décision, annoncée jeudi 17 août par la Cour pénale internationale (CPI), est inédite. Elle ne clôt pas pour autant le lourd dossier des violences dans ce pays.
La "mémoire collective" blessée
L'ordonnance concerne des réparations individuelles, collectives et symboliques pour des dommages causés à la communauté de Tombouctou, mais aussi à la communauté internationale. Le jihadiste a été condamné à neuf ans de prison en septembre 2016 pour avoir dirigé des attaques contre la porte d'une mosquée et des mausolées. Ce procès mené par la CPI représentait déjà une première pour la destruction de biens culturels. L'évaluation des réparations, inédite elle aussi, a été appréciée par la Fédération internationale des droits de l'Homme. Karine Bonneau, directrice du bureau justice à la FIDH relève que la Cour de La Haye "insiste beaucoup sur les dégâts causés à la mémoire collective, en empêchant la transmission de valeurs aux générations futures".
Un soulagement pour les populations locales
Le montant de 2,7 millions d'euros ne pourra pas être versé par le coupable, indigent. C'est pourquoi la Cour pénale internationale a sollicité le Fonds au profit des victimes. Il s'agit d'un organisme indépendant, au sein de la CPI, qui pourra collecter des contributions volontaires, auprès notamment des Etats. La somme fixée par la CPI est-elle suffisante ? Selon la juriste Karine Bonneau, l'important était de reconnaitre les dommages subis par les personnes qui vivaient en lien très étroits avec ces monuments.
La réparation n’est jamais suffisante, parce que les dommages sont incommensurables mais c’est une manière de soulager les souffrances subies par les gardiens des mausolées et la population entière.
Karine Bonneau, FIDHsur franceinfo
La destruction a été aussi une destruction de l'identité culturelle et spirituelle des habitants de Tombouctou, souligne la défenseure des droits de l'Homme.
Des enquêtes réclamées pour d'autres crimes
Malgré les deux décisions de la Cour pénale internationale, la FIDH estime que le dossier des violences au Mali n'est pas clos. "Les crimes commis en 2012 et 2013 au nord du Mali ne se limitent pas à la destruction du patrimoine culturel de l’humanité", déclare la directrice du bureau Justice à l'organisation. Karine Bonneau évoque des viols, des meurtres, des amputations, des déplacements. "Ces crimes doivent faire l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale. S’il existe une enquête en cours, nous ne savons pas sur quels crimes elle porte ni quelles personnes elle vise", précise-t-elle.
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