Tchad : près de cent militaires tués par Boko Haram dans la province du Lac
Certains officiers présents sur place, qui ont réclamé l'anonymat, évoquent un bilan encore plus lourd.
Boko Haram a tué près de 100 militaires tchadiens dans une attaque à Boma, dans la province du Lac, affaiblissant l'armée tchadienne dans cette région frontalière où le groupe jihadiste multiplie les attaques ces derniers mois. Le président Idriss Déby Itno s'est rendu en personne sur les lieux de l'attaque mardi 24 mars pour "s'incliner sur les corps" des 92 soldats morts, a-t-il déclaré à la télévision tchadienne.
J’ai assisté et mené beaucoup d'opérations, mais en un seul coup, perdre autant d’hommes, c’est pour la première fois dans l’histoire. Nous allons revoir tous nos dispositifs pour éviter ce que Boma a connu
Idriss Déby, président du Tchadà la télévision tchadienne
Bilan plus lourd
Certains officiers présents sur place, qui ont réclamé l'anonymat, évoquent un bilan encore plus lourd. Ils affirment que les jihadistes ont dérobé du matériel et ont aussi possiblement pris des militaires en otage lors de cette attaque qui a eu lieu le 23 mars avant la levée du jour.
Pendant que nous sommes en lutte contre le coronavirus, les illuminés de Boko Haram ont attaqué nos forces armées dans le Lac-Tchad. Je salue le sacrifice de nos vaillants soldats. Je réitère notre total engagement à vaincre le péril terroriste.
— Idriss Deby Itno (@IdrissDebyI) March 24, 2020
Depuis plusieurs mois, le groupe jihadiste Boko Haram, dont l'insurrection est née au Nigeria en 2009, multiplie les actions dans la région du lac Tchad.
A la frontière du Tchad, du Nigeria, du Niger et du Cameroun, cette étendue d'eau marécageuse est parsemée d'îles dont certaines sont devenues le repère des membres du groupe jihadiste, qui profitent entre autres d'un terrain qui les avantage.
Attaque surprise
Les affrontements de Boma ont duré plus de sept heures. Les renforts envoyés par l'armée tchadienne vers la presqu'île se sont embourbés et ont eux-même été pris pour cible, ont affirmé plusieurs sources militaires à l'AFP.
"Le camp se trouve sur une île où tous les axes sont étroitement contrôlés par les éléments de Boko Haram, ils ont quitté les lieux de leur propre gré, sans qu'ils ne soient contraints ou mis en déroute par l'armée tchadienne", dénonce un autre responsable de la sécurité de la région.
Selon un autre militaire, 24 véhicules de l'armée ont été détruits dont des blindés, tandis que du matériel militaire a été récupéré et emporté sur cinq hors-bords par des éléments de Boko Haram.
L'armée tchadienne a été attaquée par surprise vers 5h du matin, alors que les assauts de Boko Haram se produisaient jusqu'à présent vers minuit, détaille cette même source.
"Réplique foudroyante"
Le président Déby, cité par Tchadinfos, a pour sa part décidé de rester dans la province du Lac, affirmant qu'il préparait une "réplique foudroyante".
Je voudrais dire aux Tchadiens que jusqu’au dernier mort, y compris les blessés, les forces de défense et de sécurité n’ont pas cédé le terrain
Idriss Déby, président du Tchadà la télévision tchadienne
L'insurrection de Boko Haram a fait 35 000 morts et près de deux millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria depuis son début en 2009, selon l'ONU.
Depuis 2015, les pays de la région luttent contre ces jihadistes au sein de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale engagée autour du lac Tchad avec l'aide de comités de vigilance composés d'habitants. Mais les forces armées peinent à faire face à l'action des jihadistes.
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