Cinq choses à savoir sur la Somalie qui élit dimanche son président
Ce pays de la Corne de l’Afrique est miné par des années d'instabilité et d’insurrection islamiste.
Les parlementaires somaliens votent ce dimanche pour choisir leur chef d’Etat. Cette élection sous haute surveillance a lieu dans un hangar de l’aéroport de Mogadiscio, lieu le plus sécurisé de la capitale. La Somalie est confrontée depuis des années à l’insurrection des islamistes shebabs. Parmi les principaux candidats figure le président sortant Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo. Il fait face notamment à deux anciens présidents Sharif Cheikh Ahmed et Hassan Cheikh Mohamoud, ainsi qu'à son ex-Premier ministre Ali Khaire. Voici cinq éléments pour en savoir plus sur ce pays instable et fragile.
1Un pays aux confins de l'Afrique
Plus grande que la France (637 657 km²), la Somalie est située à la pointe de la Corne de l'Afrique, à l'extrémité orientale du continent. A l'Ouest et au Sud, elle borde Djibouti, l'Ethiopie et le Kenya, où se trouvent des communautés de l'ethnie Somali dont sont issus 90% des 15 millions de Somaliens. Avec plus de 3 000 kilomètres de côtes, la Somalie dispose du plus long littoral de l'Afrique continentale.
L’islam est la religion officielle et ultra majoritaire dans le pays. L'arabe est la seconde langue officielle, après le somali.
2Une fédération morcelée
La République fédérale de Somalie compte cinq Etats membres et un gouvernement central à Mogadiscio. Une sixième région, le Somaliland, a déclaré son indépendance en 1991, mais n'est pas reconnue par la communauté internationale.
Les Etats fédéraux disposent d'une autonomie relative mais certains, comme le Puntland et le Jubaland qui possèdent d'importantes ressources économiques (ports, agriculture...), s'irritent de toute tentative du pouvoir central d'influer sur leurs affaires. En 2020 et 2021, les tensions entre ces deux Etats et le président Farmajo ont empêché l'organisation d'élections parlementaires et présidentielle, déclenchant une crise politique de plus d'un an.
3Une société de clans
De culture nomade, la société somalienne fonctionne depuis des siècles de manière clanique. Il existe cinq clans principaux avec des ramifications en sous-clans, eux-mêmes divisés en une multitude de sous-groupes... Ils structurent de nombreux aspects de la vie, dont la politique. Ils se partagent notamment le pouvoir fédéral selon un principe dit de "4,5", qui garantit que quatre grands clans disposent d'une part égale au gouvernement, les plus petits et minorités se partageant le demi-point restant.
4Chaos et insurrection islamiste
Créé en 1960 de la fusion des colonies de la Somalie britannique (Somaliland, au nord) et de la Somalia italienne (au sud), la Somalie plonge dans le chaos après la chute en 1991 du régime militaire de Siad Barre. Sans autorité centrale, le pays est alors livré à des "chefs de guerre" et leurs milices claniques.
En juin 2006, le mouvement islamiste de l'Union des tribunaux islamiques prend le contrôle de Mogadiscio et d'une large moitié sud du pays. Leur frange radicale, les shebabs ("les jeunes"), se lance dans une insurrection contre le gouvernement fédéral en place à Mogadiscio, soutenu par la communauté internationale et une force de l'Union africaine (Amisom). Chassés de la capitale en 2011, les shebabs, liés à Al-Qaïda, contrôlent toujours de vastes zones rurales, d'où ils mènent régulièrement des attentats.
5Réchauffement climatique et sécheresse
La Somalie, dont la population vit majoritairement de l'élevage et de l'agriculture, est considérée comme l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Ces dernières années, des épisodes de sécheresse et d'inondations de plus en plus extrêmes sont venus s'ajouter aux ravages causés par une invasion de criquets et la pandémie de Covid-19. Le pays a également été touché en 2020 par le cyclone le plus violent de son histoire.
La sécheresse qui sévit depuis fin 2020 fait planer le spectre d'une nouvelle famine, onze ans après celle de 2011 qui avait fait 260 000 morts. Plus de six millions de personnes, soit un peu moins de la moitié de de la population, sont affectées par cette sécheresse qui a déplacé 760 000 personnes, selon l'ONU.
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