La Sierra Leone s’apprête à dépénaliser l’avortement
Ce pays anglophone, situé en Afrique de l'Ouest, applique une loi date de l'ère coloniale.
Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a donné son feu vert à un projet de loi qui dépénalise l'avortement le 1er juillet 2022. Il l’a annoncé lors de la Conférence africaine sur la santé et les droits sexuels qui se déroulait dans la capitale Freetown.
Un projet global
"Maternité sans risque" est le nom du projet porté par le président Julius Maada Bio. La Sierra Leone a le taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde dont une partie est liée à des avortements non sécurisés. C’est la raison pour laquelle son gouvernement a notamment approuvé à l’unanimité un programme visant à préserver la santé des femmes tout en préservant leurs droits.
"A une époque où les droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive dans le monde sont soit renversés soit menacés, nous sommes fiers que la Sierra Leone puisse à nouveau mener une réforme progressiste"
Julius Maada Bio, président de la Sierra LeoneConférence africaine sur la santé et les droits sexuels à Freetown, 1er juillet 2022
Une loi anglaise de 1861
Cette annonce intervient quelques jours après celle de la Cour suprême des Etats-Unis qui a révoqué, fin juin, le droit à l’avortement suscitant critiques et indignation dans le monde entier. En Sierra Leone comme dans d’autres pays d’Afrique, les organisations de défense des droits des femmes se battent depuis des années pour dénoncer les violences sexuelles et réclamer le droit à l’avortement. La loi actuelle date de 1861, un siècle avant que le pays n'obtienne son indépendance de la Grande-Bretagne. Elle interdit l’avortement, sauf si la vie de la mère est en danger.
Une "avancée monumentale"
Outre la dépénalisation de l'avortement, le projet de loi approuvée par le gouvernement sierra-léonais ouvre un accès plus large aux contraceptifs, à des soins post-avortement et à d’autres services de santé reproductive. Il a été qualifié d’ "avancée monumentale" par les groupes de défense des droits des femmes. Jusque-là, les femmes et les filles se mettaient en danger pour contourner l'interdiction imposée par la loi.
"A l'adolescence, j'ai failli saigner à mort après un avortement clandestin. Que cette génération soit la dernière à vivre ces horreurs"
Josephine Kamara, une militante féministe
AFP
Le projet de loi doit encore être voté au Parlement. Ce dernier avait déjà adopté en 2015 une loi sur l’avortement sécurisé. Elle n’a jamais été promulguée par le président de l’époque Ernest Bai Koroma qui avait cédé aux pressions de certains groupes religieux.
L’avortement reste majoritairement interdit en Afrique où seule une poignée de pays comme la Tunisie, l’Afrique du Sud ou encore le Bénin ont dépénalisé cet acte médical.
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