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Les premières municipales au Togo depuis 32 ans n'ont pas soulevé l'enthousiasme des électeurs

Les Togolais ont voté le 30 juin 2019 pour élire leurs maires. Le scrutin était boycotté par un important parti de l'opposition, qui reste divisée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des électeurs consultent une liste électorale dans un bureau de vote à Lomé, lors des législatives le 20 décembre 2018.  (MATTEO FRASCHINI KOFFI / AFP)

Le scrutin, qui s'est déroulé sans incident majeur, a été marqué par une faible participation dans la capitale. Plus de 3,4 millions d'électeurs étaient appelés à voter jusqu'à 16h locales pour élire leurs maires. Mais dans les bureaux de vote de Lomé visités par l'agence France Presse (AFP), les taux d'abstention se situaient en moyenne autour des 75%. Aucune date n'a été communiquée pour l'instant pour l'annonce des résultats.

"La participation est faible à Lomé (capitale traditionnellement acquise à l'opposition, NDLR), parce que certains jeunes de l'opposition ne sont pas sortis, ils ne savent pas pour qui voter, les leaders étant divisés", estime Evariste Gangigla, responsable d'un bureau de vote de la capitale pour la Commission électorale nationale indépendante.

Le décompte a commencé après la fermeture des bureaux de vote le 30 juin, parfois sans électricité et à la lumière des téléphones portables, a constaté un journaliste de l'AFP. Dans la matinée, le président Faure Gnassingbé avait "exhorté" les Togolais à "participer massivement, pour un choix libre", aux premières élections municipales depuis 1987. A ses yeux, celles-ci marquent "une avancée majeure dans l'enracinement de la démocratie".

Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005, alors que sa famille dirigeait ce petit pays d'Afrique de l'Ouest depuis plus 50 ans. En théorie, le président ne devrait pas faire plus de deux mandats. Mais il a fait modifier la Constitution, ce qui lui permet de se représenter en 2020 et 2025. Et ce malgré les nombreuses manifestations de l'opposition.

Un vote dans le calme

Le vote municipal s'est déroulé dans le calme, sans incident majeur, mais sans grand engouement, a pu constater un journaliste de l'AFP.  L'Alliance nationale pour le changement, parti historique d'opposition, a toutefois regretté un "cafouillage et l'impréparation" des élections alors que deux bureaux de vote ont dû annoncer un report du scrutin. Son porte-parole Eric Dupuy a également fait état d'un "bourrage d'urnes à Baguida Centre (banlieue de Lomé, NDLR) avant le début du vote". "Avec la détermination des populations, les bulletins ont finalement été brûlés", a-t-il affirmé.


Des manifestants passent près de pneus en flamme lors d'un rassemblement à Lomé contre le régime du président togolais Faure Gbassingbé, le 18 octobre 2017. (REUTERS TV / X00514)

Les principales associations de la société civile – l'Association des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), la Concertation de la société civile au Togo (CNSC-Togo) et la Commission épiscopale nationale justice et paix (CEJP) – n'ont pas pu observer le scrutin, faute d'avoir reçu leurs accréditations.

1527 conseillers municipaux devaient être élus dans 117 communes pour un mandat de 6 ans, renouvelable deux fois, parmi les 569 listes de partis politiques et d'indépendants retenues par la Cour Suprême pour se présenter. Il s'agit du premier scrutin municipal depuis 1987. Les mairies sont actuellement dirigées par des présidents de délégation spéciale, nommés par le président de la République.

Une opposition affaiblie

A l'exception notable de l'important Parti national panafricain (PNP), dont le bastion se trouve dans le centre-nord du pays, toutes les autres grandes formations politiques de l'opposition ont pris part à ces élections. Le PNP, dont le leader Tikpi Atchadam vit en exil, exige la libération de ses militants détenus, dont trois responsables écroués depuis mi-avril à la suite de manifestations contre le pouvoir le 13 avril. Il faisait partie de la coalition formée à l'été 2017. Des dizaines de milliers de personnes avaient ensuite manifesté à Lomé et dans d'autres villes pour demander, notamment, la démission de Faure Gnassingbé. Cette mobilisation exceptionnelle a perdu en intensité au fil des mois. Plusieurs partis ont claqué la porte de la coalition et se sont présentés en ordre dispersé aux élections locales.

Les principales formations de l'opposition espèrent asseoir leur présence locale à travers ce scrutin. Elles avaient boycotté les élections législatives de décembre 2018 et n'ont plus aucune représentation au Parlement.

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