En Tunisie, des centaines de manifestants dénoncent des "libertés piétinées" avant la présidentielle
Des centaines de personnes ont manifesté en Tunisie, jeudi 3 octobre, pour dénoncer "des libertés piétinées" depuis le coup de force en 2021 du président Kaïs Saïed, qui brigue dimanche un nouveau mandat de cinq ans. "Ni peur ni terreur, le pouvoir est entre les mains du peuple", scandaient les manifestants, qui étaient environ 800 à défiler sur l'avenue principale de Tunis, selon un décompte sur place de l'AFP.
La société civile dénonce des atteintes croissantes aux droits et libertés, alors que des dizaines d'opposants, dont des figures de proue, ont été arrêtés depuis le printemps 2023 pour des accusations graves de "complot contre la sûreté de l'Etat". Des syndicalistes, avocats ou commentateurs politiques sont également emprisonnés en vertu, notamment, d'une loi controversée sur les "fausses nouvelles". Les associations se plaignent aussi de contrôles accrus sur les financements étrangers qu'elles reçoivent. Selon Human Rights Watch, "plus de 170 personnes sont actuellement détenues pour des motifs politiques ou pour avoir exercé leurs droits fondamentaux".
Trois candidats en lice lors du scrutin dimanche
Jeudi, dans une démonstration de force, la police avait mobilisé des unités anti-émeutes et des camions à eau pour encadrer le défilé. Les protestataires, dont beaucoup de jeunes militants des droits humains et des artistes, ont appelé au boycott de la présidentielle "mascarade" de dimanche. Pour Leila Chebbi, une actrice, "Kaïs Saïed a piétiné les libertés". "Je boycotte des élections qui enfreignent la loi et ne sont pas légitimes."
Les manifestants ont qualifié le président Saïed de "pharaon manipulateur de la loi" après un processus de sélection des candidats – seulement trois sur 17 initialement – décrié pour des parrainages difficiles à obtenir, l'emprisonnement de candidats potentiels et l'éviction d'autres prétendants sérieux. "Pays de répression et dictature", "Fête électorale transformée en coup d'Etat", pouvait-on lire sur des pancartes de manifestants.
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