Un gendre du dictateur tunisien Ben Ali, Slim Chiboub, condamné pour corruption : "Il n'y a aucun système parfait"
Un gendre de l’ancien dictateur tunisien Ben Ali a été condamné à une amende de 350 000 euros avec sursis pour complicité de corruption par la justice suisse. Il s’agit de Slim Chiboub, qui s'apprête à passer devant l'instance Dignité et Vérité.
En Tunisie, on le surnomme tout simplement "le Gendre". Slim Chiboub, récemment condamné à une amende de 350 000 euros avec sursis pour complicité de corruption par la justice suisse, symbolise le système de corruption qui régnait dans le pays à l’époque de Ben Ali.
Après un exil de plus de quatre ans et quelques mois de prison, il tente aujourd'hui de revenir aux affaires, certain de son bon droit. "Je vous regarde droit dans les yeux, a-t-il confié à franceinfo, le temps va démontrer que je n'ai aucune affaire de corruption". Des mots prononcés juste avant que ne soit prononcée sa condamnation en Suisse.
Face aux questions de franceinfo, Slim Chiboub nie toute malversation :
"Mon argent est propre à 100%.
– Est ce que vous avez blanchi de l'argent à l'époque de Ben Ali ?
– Qu'est ce que ça veut dire blanchir de l'argent ?
– Est ce que vous avez bénéficié de pots-de-vin ?
– Non.
– En quoi le fait d'être le gendre de Ben Ali vous a-t-il aidé à faire des affaires ?
– C'est clair que les gens [savaient] que ma présence, mon nom [pouvaient] aider. Il n'y a aucun système parfait dans le monde. Il y a des abus de pouvoirs...
– Quels abus de pouvoirs avez vous commis ?
– Je ne parle pas de moi. Il n'y a pas eu d'abus de pouvoir, car il n'y a aucune affaire dans laquelle je suis impliqué."
Après l'instance Vérité et Dignité, le retour aux affaires et à la politique ?
En Tunisie, il est l’un des très rares à s’être présenté devant l’instance Vérité et Dignité (IVD). Le système est inspiré de ce qui s’est fait en Afrique du Sud après l’Apartheid. La loi tunisienne prévoit un abandon des poursuites à l'encontre des personnes incriminées si elles reconnaissent leurs crimes, s'excusent et restituent les sommes indûment perçues. "On m'a collé douze affaires, je ne vais pas passer le restant de ma vie à aller devant les tribunaux" explique Slim Chiboub.
Pour autant, la présidente de l’IVD, Sihem Bensedrine, en est consciente : si Slim Chiboub se plie à l’exercice, c’est parce qu’il a tout à y gagner. "Ce qui l'incite à venir, affirme-t-elle, c'est que si la négociation aboutit, ces procédures sont définitivement effacées."
A la question de savoir si l'instance Vérité et Dignité ne va pas le réhabiliter un peu trop aisément, Sihem Bensedrine répond : "Il n'y a aucune démarche parfaite. L'essentiel, c'est qu'il y [ait] une reconnaissance de la corruption, et une volonté de ne pas recommencer, c'est le plus important !"
Dans quelques mois, Slim Chiboub pourrait être donc blanchi dans son pays. Son avenir, il le voit ainsi : la reprise des affaires, et peut être bien de la politique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.