Australie : cinq choses à savoir sur le futur Premier ministre Anthony Albanese, qui veut rompre avec l'ère conservatrice
Le travailliste Anthony Albanese a proclamé sa victoire aux élections législatives, samedi, après que le Premier ministre sortant Scott Morrison a reconnu sa défaite.
Avec lui, les Australiens ont "voté pour le changement". Le chef du Parti travailliste, Anthony Albanese, a enfilé le costume de futur Premier ministre australien, samedi 21 mai, après que son parti a remporté les législatives et chassé du pouvoir le chef du gouvernement sortant, Scott Morrison. A 59 ans, il met fin à neuf ans de règne des conservateurs sur l'immense pays-continent. Voici cinq choses à retenir sur son parcours, avant sa prise de fonctions attendue lundi.
1Il a survécu à un accident en 2021
Anthony Albanese est un miraculé, qui a été hospitalisé dans un état critique, l'an dernier, après une collision entre sa voiture et un véhicule tout-terrain conduit par un adolescent. "J'ai pensé que c'était la fin", a-t-il confié depuis. Surnommé "Albo" par ses partisans, il a expliqué qu'avoir frôlé la mort lui a donné l'énergie nécessaire pour tout changer.
A l'époque, les travaillistes étaient à la traîne dans les sondages, loin derrière les conservateurs. A 59 ans, Anthony Albanese peut aujourd'hui se vanter d'un rétablissement sur tous les fronts : il a retrouvé la santé, perdu 18 kg et a consolidé son autorité à la tête de son parti. Il ramène au pouvoir les travaillistes après avoir fait la course en tête dans les sondages, grâce à des attaques ciblées contre la gestion gouvernementale de la pandémie et des incendies catastrophiques pendant l'été austral 2020.
2Il a eu une enfance modeste
Anthony Albanese a été élu au Parlement pour la première fois en 1996. A l'époque, il avait dédié son premier discours à sa mère, Maryanne Ellery, qui l'avait élevé seule dans un logement social de Sydney, "dans des circonstances économiques très difficiles". Il a été le premier membre de sa famille à étudier à l'université.
Militant travailliste depuis le lycée, il affirme que ses origines ouvrières ont façonné sa vision du monde. "Cela en dit long sur ce pays", a-t-il déclaré en votant, samedi, la voix fendue par l'émotion, "que quelqu'un avec mes origines puisse se tenir devant vous aujourd'hui, en espérant être élu Premier ministre de ce pays".
3Il a grandi sans son père
Après la naissance de son fils unique, Nathan, en 2000, Anthony Albanese s'était lancé à la recherche de son père, Carlo Albanese, avec une vieille photographie pour seul indice. Il l'avait finalement retrouvé dans sa ville d'origine, Barletta, en Italie, et s'était réconcilié avec lui avant sa mort en 2014. "La dernière conversation que nous avons eue, c'était pour se dire qu'on était contents de s'être retrouvés", a-t-il confié.
"J'ai été élevé en croyant qu'il était mort", a-t-il expliqué. "Cela en dit long sur la pression qui était exercée sur les femmes." Anthony Albanese a raconté que sa mère, catholique, avait décidé de lui donner le nom de son père, même s'ils ne s'étaient jamais mariés et n'avaient jamais vécu ensemble. Anthony Albanese sera le premier chef du gouvernement australien à porter un nom de famille autre qu'anglo-saxon ou celtique.
4Il a une image de gaffeur
Après avoir gravi les rangs du Parti travailliste, "Albo" est devenu ministre des Transports en 2007, lors de l'arrivée au pouvoir de Kevin Rudd. Il a conservé ce portefeuille sous la Première ministre suivante, Julia Gillard, puis est devenu leader de l'opposition après la déroute des travaillistes aux élections de 2019.
Dans l'impossibilité de parcourir le pays pendant la pandémie, il a néanmoins réussi à se faire connaître des électeurs. Pendant sa campagne, il a séché devant des journalistes qui l'avaient piégé en lui demandant quel était le taux de chômage en Australie et le taux directeur de la banque centrale. "C'est le genre de choses que les Premiers ministres doivent savoir", s'était délecté Scott Morrison. "Nous avons vu qu'il n'est pas à la hauteur de la tâche et que cela le dépasse."
L'intéressé avait relativisé ce faux pas. "Tout le monde se trompe dans la vie. La question est de savoir si l'on peut en tirer les leçons. Ce gouvernement ne cesse de répéter les mêmes erreurs", avait-il répondu.
5Il veut reverdir l'image de l'Australie
Dans son discours de victoire, le futur Premier ministre a promis de transformer l'Australie en "super-puissance" des énergies renouvelables. Le climat a été un enjeu important de la campagne, après des années de soutien des conservateurs à l'industrie des énergies fossiles.
Le travailliste a promis de réduire les émissions de CO2 de 43% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005, soit bien plus que l'objectif actuellement fixé à 28%. Il s'est toutefois abstenu de dire s'il comptait renoncer au charbon ou interdire l'ouverture de nouvelles mines, un secteur dont dépend encore lourdement l'économie du pays.
Anthony Albanese promet d'autres grands changements après neuf ans de gouvernement conservateur, qu'il s'agisse de mesures de soutien au pouvoir d'achat, de l'extension des droits des populations indigènes ou de la lutte contre la corruption. Il entend ainsi mettre en place un organisme fédéral de surveillance anti-corruption "puissant, transparent et indépendant" d'ici la fin de l'année. Les gouvernements australiens sont régulièrement accusés de dépenser de l'argent public à des fins électoralistes dans certaines circonscriptions très disputées.
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